La consommation des ménages est repartie à la baisse en janvier, marquée par la fin de la prime à la casse dans l'automobile et un recul dans le textile en dépit des soldes, une tendance qui risque de durer avec la nouvelle flambée des cours du pétrole.
"En janvier 2011, les dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés baissent de 0,5 % en volume, après avoir augmenté de 0,4 % en décembre", a annoncé vendredi l'Institut national de la statistique.
La baisse est due à une chute de 1,7 % des dépenses en biens durables en janvier, explique l'Insee, en raison principalement du repli des achats d’automobiles (-6,3 %) à la suite de l’arrêt de la prime à la casse.
L'Insee relève également que "les achats de textile-cuir baissent de 1,8%".
La baisse de consommation de biens durables est toutefois amortie par la hausse des dépenses en équipement du logement (+2,4%), grâce au dynamisme des achats de meubles, explique l'Insee.
Les autres produits manufacturés progressent de 1,1% en janvier, souligne également l'Institut, porté par les dépenses en horlogerie-bijouterie et quincaillerie-bricolage.
Pour Alexander Law, chef économiste au groupe Xerfi, "ce repli reflète (...) la fragilité de la conjoncture économique française". "Les ménages ont perdu confiance", s'inquiète-t-il, alors que leur moral reste bas.
Celui-ci se situe à 85 points en février, selon l'Insee, soit "nettement inférieur à sa moyenne de longue période", fixée à 100 points, en raison d'une hausse anticipée du chômage et de l'inflation.
"L’avènement d’une ère d’austérité, la crainte du chômage (...) et la remontée de certains prix symboliques (au premier rang desquels ceux du carburant) facilitent l’instauration d’un climat de défiance qui participera certainement d’un nouveau tassement de la consommation au cours des semaines à venir", estime-t-il.
Dans ces conditions, "faute de relais de croissance alternatif, la croissance économique française en pâtira forcément", conclut Alexander Law.
Même son de cloche pour Marc Touati, de la compagnie financière Assya. "Après avoir soutenu la croissance française à bout de bras pendant toute la dernière crise, la consommation des ménages commence désormais à fatiguer", déplore-t-il.
Selon lui, la chute mensuelle pour les voitures neuves "apparaît comme le début d’une longue période de traversée du désert pour la consommation automobile dans l’Hexagone".
Plus inquiétant, la baisse du textile représente une "véritable déception" alors que "la période des soldes est généralement propice au développement de la +fièvre acheteuse+ dans le secteur de l’habillement", note-t-il. "Or, cette année, le thermomètre n’a pas monté".
Les ménages restent donc "frileux", ce qui risque de durer avec la nouvelle flambée des cours du pétrole et de l’ensemble des matières premières, pronostique-t-il. Il prédit une consommation faible en 2011, en progrès de 1,2% "après avoir été LE moteur de l'économie française depuis 1998".
Selon l'Insee, les prix de l'énergie ont augmenté de 13,7% depuis un an en France.
Or, les dépenses énergétiques et alimentaires sont en effet difficilement compressibles, et les ménages risquent donc d’être contraints de réduire leurs achats pour compenser cette augmentation.
De plus, cette hausse risque fort de se poursuivre alors que les événements violents de Libye et les tensions politiques dans plusieurs pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient inquiètent les marchés.
Le baril de pétrole a ainsi frôlé jeudi les 120 dollars à Londres et dépassé les 100 dollars à New York, des niveaux inconnus depuis 2008.