Une centaine de manifestations, des transports perturbés et des usines automobiles à l'arrêt ont marqué mercredi la première grève générale en Espagne de l'ère Zapatero, un "succès" pour les syndicats UGT et CCOO alors le gouvernement y voyait "un suivi inégal et un effet modéré".
"C'est un succès de participation et un succès démocratique", affirmait dès la mi-journée le secrétaire général d'UGT, Candido Mendez, estimant que cette grève, contre une réforme du marché du travail déjà en vigueur, devrait entraîner "une rectification en profondeur de la politique du gouvernement".
"Nous n'allons pas nous résigner", a assuré Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire général de CCOO, car "ce qui se change avec une loi peut se modifier avec une autre loi".
Certes, le suivi a été "important dans certains secteurs comme l'automobile", avec un taux de "pratiquement 100%", a reconnu le ministre du Travail Celestino Corbacho.
Mais "dans la santé ou l'éducation (...) le suivi a été modéré", a-t-il souligné, notant aussi un taux de 3% dans l'hôtellerie.
Dans les transports, la participation a été de 21%. CCOO et UGT avaient accepté de garantir des services minimum, avec par exemple au moins 20% des vols internationaux et 25% des trains de banlieue.
L'UGT a estimé que la grève était suivie "à plus de 70%" et par plus de 10 millions de salariés dans le pays, voire à 100% dans des secteurs comme la sidérurgie, l'énergie et les services de propreté.
De son côté, le gouvernement a cherché à jouer la modération avec les syndicats, M. Corbacho "salu(ant) la responsabilité avec laquelle la grève est suivie", avec des services minimum respectés à 98,7%.
Indice de la baisse d'activité dans le pays, la consommation d'électricité a été sur la journée inférieure de 16,5% par rapport à la normale.
Cette grève générale, la première sur un thème social depuis 2002, coïncidait avec la journée de mobilisation européenne contre l'austérité et une grande "euro-manifestation" à Bruxelles.
Ses effets étaient notables dès le matin, avec des piquets de grève "informatifs" à l'entrée des usines, des kiosques fermés faute de journaux ou encore des poubelles non ramassées.
Des manifestations avaient été convoquées dans une centaine de villes, et se déroulaient en début de soirée à Madrid et Barcelone (nord-est).
Les syndicats avançaient les chiffres de 500.000 participants à Madrid et 400.000 à Barcelone, tandis que la police ne communiquait encore aucune estimation.
"Depuis que la crise a commencé, ils nous donnent des coups, les uns après les autres", se plaignait Ricardo, 50 ans, dans la manifestation de Madrid, tandis que pour Andrés Santana, 45 ans, "les droits des travailleurs ont été réduits".
Dans l'ensemble du pays, plus d'une vingtaine de personnes ont été blessées dans des heurts entre policiers et grévistes aux abords d'usines et la police a procédé à une soixantaine d'arrestations.
A Barcelone, des heurts se sont produits entre policiers et militants d'extrême gauche "anti-système" en marge de la grève.
Cette grève générale, la première depuis l'arrivée au pouvoir de M. Zapatero, survient alors que le pays peine à sortir de la crise et qu'un actif sur cinq est au chômage, un taux record en zone euro.
Pour réduire les déficits publics, le dirigeant socialiste a annoncé des mesures de rigueur et a réformé le marché du travail, en diminuant les indemnités de licenciement et en facilitant les licenciements économiques.