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Grèce: après le vote de confiance, le gouvernement face à la rue

Publié le 17/11/2011 12:40

Des milliers de personnes se préparaient à manifester jeudi à Athènes contre les mesures d'austérité préparées par le gouvernement grec de coalition de Lucas Papadémos, fort d'un confortable vote de confiance obtenu mercredi au parlement mais non exempt de tiraillements.

Les défilés, traditionnels chaque 17 novembre, commémorent le 38e anniversaire de la révolte estudiantine contre la junte des colonels en 1973.

L'an dernier, ils avaient tourné à la protestation contre les réformes d'austérité (hausses des taxes, baisses de salaires etc.) introduites par le gouvernement Papandréou sous la pression des créanciers étrangers de la Grèce.

Cette année, outre la protestation sociale, les manifestations devraient aussi revêtir un aspect très politique, après l'entrée de l'extrême droite dans le gouvernement grec de coalition, pour la première fois depuis la chute de la dictature des colonels.

C'est la raison qui a poussé un député Pasok dissident à voter mercredi soir contre la confiance au gouvernement.

Député du département de Xanthi en Thrace (nord-est) où vit la minorité musulmane de Grèce, Tsten Mantazi s'est dit contre la participation au gouvernement de transition du parti d'extrême droite Laos, dont les députés expriment régulièrement des positions xénohobes.

Jeudi, le journal communiste Rizospastis souligne que les communistes placent le défilé sous le signe de la résistance au "retour du fascisme" et, faisant le lien avec la situation immédiate de la Grèce, rappelle que le slogan de novembre 1973 "Pain, éducation, liberté", n'a jamais été autant d'actualité.

Le quotidien Ta Nea à grand tirage assure que tout laisse présager une "marche à haute tension", alors que quelque 7.000 policiers ont été mobilisés dans les rues d'Athènes pour éviter des débordements, a-t-on indiqué de source policière.

Il s'agit aussi de la première marche de ce type depuis le vote d'une loi réformant l'université l'été dernier, modifiant le droit d'asile qui interdisait jusqu'à présent à la police d'entrer dans des locaux universitaires.

"L'atmosphère est électrique" depuis mercredi, affirme le journal citant un premier incident entre militants de gauche à l'école Polytechnique, bastion de la résistance étudiante au régime des colonels qui s'est effondré en 1974.

Après cet incident, la ministre de l'Education socialiste Anna Diamantopoulou a annoncé qu'elle n'irait pas déposer de gerbe sur les lieux du soulèvement comme le veut la tradition. Selon Ta Nea, c'est la première fois que cette tradition ne sera pas respectée.

Le gouvernement grec formé vendredi sous la direction de l'ex-vice-président de la Banque centrale européenne Lucas Papademos est un gouvernement de transition comprenant une alliance historique socialistes-droite-extrême-droite qui va tenter de sauver le pays de la faillite et d'une possible sortie de la zone euro.

Il a engagé dès mercredi soir les négociations avec les banques du monde entier pour mener à bien la gigantesque et délicate opération d'effacement volontaire de dette qui doit permettre de ramener l'endettement public de la Grèce à 120% de son PIB en 2020 au lieu de plus de 160% actuellement.

Vendredi, une nouvelle échéance attend le gouvernement avec la présentation au parlement du budget 2012 qui rappellera au pays l'ampleur des sacrifices à consentir.

Pour assurer le quotidien, et tant que la Grèce est exclue des marchés financiers à long terme pour se refinancer, le nouveau gouvernement discute aussi avec les créanciers du pays pour la mise en place du nouveau prêt de 100 milliards concédé lors du sommet de la zone euro du 27 octobre en échange de la poursuite de la cure d'austérité engagée en 2010.

Mais dans l'immédiat, il se heurte à un premier cactus, pour débloquer une tranche de prêt de 8 milliards d'euros attendue depuis août.

Les créanciers du pays qui ont perdu patience avec la classe politique grecque exigent de chaque parti politique membre de la coalition gouvernementale qu'il s'engage par écrit à respecter le programme d'austérité.

Ce que rechigne à faire le leader de la Nouvelle Démocratie (droite) Antonis Samaras, peu désireux d'associer son nom aux politiques d'austérité telles qu'elles ont été déclinées par le précédent gouvernement socialiste.

De son côté, l'opposition parlementaire de gauche, le parti communiste (KKE) et la gauche radicale (Syriza), qui ont refusé de se joindre à la coalition gouvernementale, devraient fournir le gros des troupes dans la rue aux côtés des contingents traditionnels d'étudiants.

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