Les ministres des Finances des principales économies de la planète ont recherché vendredi à Washington un compromis dans la "guerre des monnaies" qui s'est envenimée ces dernières semaines, et dont ils ont débattu au sein du G7.
Au long de la journée, plusieurs d'entre eux se sont surtout employés à tempérer les attentes. "Il n'y aura certainement pas d'accord unanime ce week-end" pour remédier à la "guerre des monnaies", a pronostiqué le ministre canadien des Finances Jim Flaherty.
Parvenir à un accord "est souhaitable, (...) j'espère que cela se produira mais je ne le crois pas à court terme", a déclaré de son côté le président de la banque centrale brésilienne Henrique Meirelles. Il a affirmé que son pays n'avait pas l'intention d'arrêter d'intervenir pour freiner l'appréciation de sa monnaie.
Il est en revanche probable que plusieurs pays, dont le Brésil ou les Etats-Unis, adoptent une position commune pour mettre en garde contre les conséquences d'une politique de taux de change rigide, comme l'applique la Chine, sur la reprise fragile de l'économie mondiale, d'après le Canada.
Alors que le Fonds monétaire international (FMI) réunit son assemblée annuelle, les ministres du G20 avaient entamé leurs discussions par un "petit déjeuner de travail". Mais, ont rapporté des participants, le sujet des changes n'y a pas été directement abordé.
Les membres du G7, qui rassemble les pays les plus riches, se sont retrouvés dans la soirée pour un dîner de travail, à l'issue duquel ils n'ont fait aucune déclaration.
Le ministre brésilien des Finances Guido Mantega avait été le premier à employer le 27 septembre l'expression de "guerre des changes", qui a depuis fait le tour de la planète.
Les Etats-Unis et l'Europe, pour une fois d'accord sur un sujet économique, s'en sont pris aux pays interventionnistes comme le Brésil et à la Chine.
Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a déploré "l'ampleur des interventions sur les marchés des changes de la part de pays cherchant à entraver l'appréciation de leur devise sous-évaluée".
Quant au chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, il a rappelé que les Européens n'étaient "pas satisfaits" du niveau actuel de la monnaie chinoise, le yuan.
"Nous avons face aux Chinois le même message que Washington", a-t-il indiqué lors d'une conférence, même si "nous le disons d'une manière différente", moins menaçante.
Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a également appelé une nouvelle fois les pays émergents à moins intervenir sur le taux de changes.
"Si vous voulez restaurer la confiance, dans un monde incertain, vous devez travailler ensemble. Si vous voulez remettre les gens au travail, vous devez travailler ensemble", a-t-il lancé à l'assemblée des Etats membres du FMI.
Le G20 s'est engagé formellement en septembre 2009 à favoriser une "croissance équilibrée" de l'économie mondiale. Mais il est loin du compte, entre des Etats-Unis qui inondent leur système financier de liquidités, des Européens qui resserrent leur politique budgétaire, des Japonais qui interviennent pour faire baisser le yen, et des Chinois qui accumulent les réserves en devises étrangères pour que le yuan reste faible.
Le Japon s'est défendu de vouloir mener une politique de yen faible. Son intervention sur les marchés le 15 septembre avait pour but "corriger les mouvements excessifs, pas de conduire le yen à un certain niveau sur le long terme", a assuré vendredi le ministre japonais des Finances Yoshihiko Noda.