Une nouvelle mine dans le sud de l'Inde pourrait contenir les plus grandes réserves d'uranium au monde, a estimé le ministre de l'Energie atomique, dans un contexte où l'Inde a un besoin crucial de nouvelles sources d'énergie pour alimenter sa croissance.
La mine Tumalapalli dans l'Etat de l'Andhra Pradesh (sud-est) pourrait fournir jusqu'à 150.000 tonnes d'uranium, combustible le plus utilisé pour l'énergie nucléaire, a déclaré Srikumar Banerjee dans des propos rapportés mardi par la presse, à l'issue d'études menées depuis quatre ans sur le site.
"Il est confirmé que la mine contient 49.000 tonnes de minerai et il y a des indications selon lesquelles la quantité totale pourrait être trois fois supérieure", a-t-il déclaré.
"Si tel était le cas, ce serait la plus grande mine d'uranium au monde", a-t-il avancé.
De précédentes estimations suggéraient que seules 15.000 tonnes d'uranium pourraient être extraites de la mine, qui devrait entrer en exploitation d'ici la fin 2011.
Le porte-parole du département à l'énergie atomique, S.K. Malhotra, a déclaré à l'AFP que les experts de la mine de Tumalapalli étaient "assez confiants" dans le fait que le volume final atteigne 150.000 tonnes.
Il a a toutefois prévenu qu'il ne s'agissait pas d'un "uranium de grande qualité mais de faible qualité", ajoutant: "Nous n'avons trouvé aucun uranium en Inde susceptible d'avoir la même qualité que celui trouvé en Australie".
L'Australie, troisième producteur mondial d'uranium qui dispose également des plus importantes réserves d'uranium au monde, est jusqu'à présent resté sourd aux requêtes d'approvisionnement de l'Inde, au motif que New Delhi n'a pas signé le traité de non-prolifération nucléaire.
"Cette découverte permettrait uniquement d'augmenter l'offre domestique d'uranium. Il y aura toujours un écart significatif (avec les besoins). Nous devrions toujours avoir recours aux importations", a déclaré M. Banerjee, cité dans le quotidien The Hindu.
Le nucléaire ne fournit pour l'heure qu'à peine 3% de l'électricité en Inde. Le poids lourd asiatique voudrait porter la part du nucléaire à 25% à l'horizon 2050 et il s'est lancé en quête de nouvelles sources d'uranium dans le monde entier, notamment auprès de la France, du Kazakhstan et de la Russie.
Le marché nucléaire indien est estimé à 175 milliards de dollars.
L'ouverture du pays au nucléaire date de l'été 2008 lorsque la communauté internationale a décidé de lever un embargo de 34 ans sur le commerce mondial dans le nucléaire civil avec l'Inde, puissance atomique militaire qui a toujours refusé de signer le Traité de non prolifération (TNP).
Grâce à un régime dérogatoire accordé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et le Groupe des 45 pays fournisseurs de technologies nucléaires (NSG), l'Inde a pu signer depuis septembre 2008 des accords politiques de coopération dans le nucléaire civil avec Paris, Washington et Moscou.
La troisième puissance économique d'Asie, qui opère 20 réacteurs nucléaires générant 4.780 mégawatts (MW), cherche à se doter de 63.000 MW supplémentaires d'ici 2032. Sept nouveaux réacteurs sont en construction.
Depuis la crise nucléaire au Japon, des associations environnementales militent pour un arrêt des projets en cours, concernant notamment celui conclu avec le géant français Areva pour l'installation de six réacteurs de 9.900 MW au total dans l'ouest de l'Inde dont les travaux devraient débuter en 2013.