par Michael Holden
LONDRES (Reuters) - Le meurtrier présumé de la députée travailliste britannique Jo Cox, tuée jeudi en pleine rue dans le nord de l'Angleterre, a été présenté samedi à un juge après avoir été inculpé d'assassinat.
Prié de décliner son identité devant une juridiction londonienne, Thomas Mair a répondu : "Mon nom est mort aux traîtres, liberté pour la Grande-Bretagne".
L'homme âgé de 52 ans semble avoir agi seul, disent les autorités.
Jo Cox, 41 ans, mère de deux enfants, militait pour le maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne. Elle a été agressée en pleine rue, touchée par balles et poignardée, alors qu'elle se préparait à tenir sa permanence électorale hebdomadaire dans sa circonscription de Birstall, près de Leeds.
Sa mort, à une semaine du référendum du 23 juin sur le Brexit, a ému le pays et entraîné la suspension de la campagne électorale, au moins jusqu'à dimanche.
Thomas Mair a été inculpé d'assassinat, de coups et blessures aggravés, de possession d'arme à feu avec l'intention de commettre un acte criminel et de possession d'une arme offensive, précise la police du West Yorkshire dans un communiqué.
Avec les unités antiterroristes du nord-est du pays, la police poursuit son enquête sur ses liens éventuels avec "l'extrémisme de droite" ainsi qu'avec "les services de santé mentale".
HOMMAGE
"Selon les informations disponibles pour le moment, il paraît s'agir d'une attaque isolée, mais ciblée, sur Jo. Il n'y a pas d'indication à ce stade qu'une autre personne ait été impliquée dans l'attaque. Nous allons toutefois tenter de comprendre comment le suspect est parvenu à se procurer une arme à feu de manière illégale", ajoute la police.
Le suspect a été rapidement appréhendé grâce à l'aide des personnes présentes sur place.
Le drame a donné lieu à de vifs débats sur la sécurité des parlementaires, mais aussi sur l'ambiance de plus en plus lourde de la campagne électorale.
Selon le Daily Telegraph, plusieurs députées ont fait part de leurs préoccupations auprès des services du Premier ministre. L'une d'entre elles avertit dans un courrier que, si leur sécurité n'est pas renforcée, "une catastrophe se produira".
La police dit de son côté avoir lancé plusieurs mises en garde à l'adresse des parlementaires et certains d'entre eux ont annulé leurs permanences électorales dans la foulée de l'assassinat de Jo Cox.
Le mois dernier, Nigel Farage, chef de file du parti eurosceptique Ukip, avait tenu des propos qui ont pu sembler prémonitoires. "Je pense qu'il est légitime de dire que, si les gens ont l'impression d'avoir complètement perdu le contrôle - et nous avons complètement perdu le contrôle de nos frontières en tant que membres de l'Union européenne - et que leur vote ne changera rien, alors la violence est la prochaine étape", avait-il déclaré à la BBC.
La police collabore avec le Palais de Westminster, qui abrite les deux chambres du Parlement et le Home Office (ministère de l'Intérieur) pour réévaluer les mesures de sécurité qui entourent les parlementaires, a en outre annoncé la police.
Le Premier ministre, David Cameron, a convoqué le Parlement lundi pour un hommage à Jo Cox, qui était présentée comme une étoile montante du Parti travailliste.
(Julie Carriat et Nicolas Delame pour le service français, édité par Gilles Trequesser)