PARIS (Reuters) - La France est prête à intercéder en faveur d'une reprise des négociations entre la Grèce et ses créanciers, après le "non" des Grecs au plan européen "argent frais contre réformes", mais à condition qu'Athènes fasse des propositions "sérieuses".
Les suites à donner à ce "non" massif (61%) seront au coeur d'un entretien lundi en fin d'après-midi entre François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays a adopté jusqu'ici une attitude beaucoup plus rigide à l'égard d'Athènes.
Au lendemain du référendum grec, les dirigeants français insistent sur la nécessité de respecter ce vote mais aussi sur l'obligation pour le gouvernement d'Alexis Tsipras de sortir d'une opposition stérile aux propositions qui lui sont faites.
Les bases d'un dialogue existent mais c'est à Athènes de "démontrer qu'elle prend au sérieux ce dialogue", a ainsi dit le ministre des Finances, Michel Sapin, sur Europe 1.
"Le peuple s'est exprimé, il faut respecter ce vote", a-t-il déclaré. "Mais le vote lui-même ne règle rien de manière automatique (...) A partir de là c'est au gouvernement grec de faire des propositions".
Michel Sapin a laissé entendre que les créanciers de la Grèce pourraient, en contrepartie, tenir compte du poids de la dette grecque et faire ainsi un pas vers les revendications d'Alexis Tsipras et de son gouvernement, qui exigent que la question de l'endettement fasse partie d'un accord.
"Si la Grèce fait des propositions sérieuses, solides, si de notre côté (...) nous faisons en sorte que cette dette soit dans les premiers temps, les premières années, allégée pour permettre à la Grèce de s'en sortir, alors il y a une base pour que des discussions puissent déboucher", a-t-il encore dit.
Il a cependant reconnu que le "fil du dialogue" était "très ténu" et n'a pas voulu faire de pronostic sur le maintien ou non de la Grèce dans la zone euro.
ASSOUPLISSEMENT GREC?
Selon le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Harlem Désir, la France souhaite que ces négociations s'engagent vite pour permettre le maintien de la Grèce, alors que se profile une échéance cruciale : le remboursement de 3,5 milliards d'euros par Athènes à la Banque centrale européenne le 20 juillet.
Le vote grec "n'a pas indiqué une volonté de sortir de l'euro", a souligné Harlem Désir sur iTELE. Mais il faut que le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, "dise ce qu'il veut faire de ce vote" et il faut qu'il le fasse "rapidement".
Le porte-parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll, a vu dans la démission du très radical ministre grec des Finances aux prises de positions provocatrices, Yanis Varoufakis, le signe d'un possible assouplissement de la position d'Alexis Tsipras.
"Il faut que chacun ait conscience qu'on a besoin aujourd'hui de se respecter. Ça vaut aussi pour les Grecs", a dit le ministre de l'Agriculture sur BFM TV RMC.
"Je pense que dans ces négociations on va chercher, pour négocier, à trouver des compromis, on ne peut pas se renvoyer comme ça des arguments qui n'en sont pas", a-t-il ajouté.
Dans un entretien publié samedi par un quotidien espagnol, Yanis Varoufakis avait notamment accusé les créanciers de la Grèce de "terrorisme".
Il explique lundi sur son blog que sa démission a été jugée opportune par le Premier ministre grec en vue de la conclusion d'un accord.
(Emmanuel Jarry, Marine Pennetier et Yann Le Guernigou)