Le Qatar qui est monté jeudi à plus de 10% au capital du groupe de médias Lagardère, pourrait encore augmenter sa participation mais n'envisage pas de prendre le contrôle du groupe, selon une déclaration d'intention adressée à l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Le Qatar possède maintenant 10,07% du capital et 7,87% des droits de vote de la société par le biais du fonds d'investissement Qatar Holding LLC et entend donc "proposer sa nomination au conseil de surveillance" de Lagardère.
La société Qatar Holding LLC déclare dans ce courrier à l'AMF qu'elle agit "seule" et "qu’elle pourrait augmenter sa participation dans la société Lagardère SCA", tout en ajoutant "ne pas envisager de prendre le contrôle de la société".
Les actionnaires qataris "sont les amis de Jean-Luc Lagardère, ils sont en train de verrouiller le capital en faveur du fils", avait estimé la semaine passée le financier franco-américain Guy Wyser-Pratte qui avait vu son entrée au conseil de surveillance du groupe rejetée en 2010.
Arnaud Lagardère, le fils du fondateur Jean-Luc Lagardère, détenait fin 2010 9,62% du capital et 14,01% des droits de vote de cette société en commandite par actions, selon le rapport annuel. Un dispositif qui permet à M. Lagardère d'exercer la réalité du pouvoir au sein du groupe en dépit de la relative faiblesse de sa participation.
Ces informations profitaient à Lagardère à la Bourse de Paris, son titre ayant nettement accéléré le rythme après la publication de l'avis de l'AMF. Vers 12H10, la valeur prenait 3,44% à 21,77 euros, s'inscrivant en tête du SBF 120. Le CAC 40 perdait au même moment 0,44%.
La société Qatar Holding LLC déclare également "envisager de discuter avec tout acteur intéressé, le cas échéant, en vu de partenariats stratégiques permettant la création de valeur à long terme pour les actionnaires de la société, étant précisé qu’il n’existe actuellement aucun projet spécifique à cet égard".
Cette montée au capital de Lagardère du Qatar avait relancé la semaine passée les spéculations sur l'appétit du Qatar pour EADS, dont Lagardère est actionnaire à 7,5%.
L'émirat s'était en effet déclaré prêt, en septembre, à "étudier de près" une entrée au capital d'EADS, "si une telle opportunité se présentait", par la voix du patron de Qatar Holding, Ahmad Mohamed Al-Sayed.
Le capital d'EADS appartient pour 15% à l'allemand Daimler, qui détient 22,5% des droits de vote. L'Etat français en possède également 15%, et l'Etat espagnol 5,5%, tandis près de 50% de son capital est flottant.
La stratégie du groupe Lagardère, qui s'est notamment diversifié dans le sport et a réduit son exposition au secteur des médias, ne fait pas l'unanimité parmi les analystes. Le groupe a révisé en novembre une nouvelle fois à la baisse ses prévisions annuelles, après avoir enregistré un recul de 5,8% de son chiffre d'affaires au troisième trimestre, à 1,98 milliard d'euros, à la suite de la cession de certains actifs.
Le Qatar s'est illustré récemment dans le monde sportif en prenant le contrôle du club de football Paris Saint-Germain.