La Banque centrale russe (BCR) a décidé de modifier son système monétaire en laissant plus de flexibilité au cours du rouble sur les marchés, une décision qui montre, selon Moscou, que la Russie ne participe à aucune "guerre des monnaies".
"Les inquiétudes concernant une guerre des monnaies sont liées aux interventions sur les valeurs (...). L'élargissement du corridor (de change à l'intérieur duquel le rouble évolue) correspond à un mouvement opposé, à une diminution des interventions", a déclaré jeudi le ministre des Finances, Alexeï Koudrine, lors d'une conférence de presse.
La BCR a indiqué mercredi avoir élargi la marge de fluctuation du "corridor flottant" dans lequelle elle laisse évoluer le rouble, sans intervention sur le marchés des changes.
Cette marge est désormais de quatre roubles contre trois précédemment. Ce corridor est calculé par rapport à un panier euro-dollar, composé à 55% de dollars et 45% d'euros.
Les analystes ont salué la décision de la BCR. "Etant donné la forte volatilité des devises mondiales fondamentales, la décision de la BCR est appropriée", estiment les analystes de la Banque Alpha Bank.
"La présence de la Banque centrale sur les marchés va devenir moins prévisible, réduisant la spéculation monétaire", ajoutent-ils.
En visite à Moscou pour rencontrer M. Koudrine, le commissaire européen aux Affaires monétaires, Olli Rehn, a également soutenu la décision de la BCR.
"Les pays ayant une monnaie sous-évaluée devraient prendre des mesures pour introduire de la flexibilité dans les taux de change de leur monnaie, afin que que cette monnaie" soit évaluée à sa véritable valeur, a-t-il déclaré.
Dénoncée fin septembre par le ministre brésilien des Finances Guido Mantega, la "guerre des monnaies" a servi de toile de fond aux débats engagés la semaine dernière à Washington entre ministres des Finances des 187 Etats membres du Fonds monétaire international (FMI).
Les dirigeants des pays riches et émergents s'accusent les uns les autres soit d'affaiblir délibérément leur monnaie pour favoriser leurs exportations, soit d'exercer des pressions indues pour renforcer les dévises d'autres Etats.
Les Etats-Unis accuse notamment la Chine de freiner l'appréciation du yuan en achetant des devises étrangères.
Après leur réunion, les Etats membres du Fonds monétaire international ont seulement trouvé un compromis timide sur les taux de change, qui prévoit un renforcement futur de la procédure de surveillance des monnaies par le FMI.
Interrogé jeudi sur l'élargissement du "corridor flottant", le Premier ministre Vladimir Poutine a indiqué n'avoir aucune crainte concernant la valeur du rouble.
"Le rouble est dans un état optimal. Je ne m'attends ni à un affaiblissement de la monnaie nationale, ni à un renforcement excessif, qui serait également nocif", a-t-il déclaré, selon les agences russes.
Les analystes de l'Alpha Bank estiment également que la nouvelle mesure de la BCR n'influencera pas de manière notable le cours du rouble et ils ne changent pas leurs prévisions pour la fin de l'année, qui tablent sur un panier euro-dollars atteignant la valeur de 36,2 roubles.
Jeudi, le panier euro-dollars atteignait la valeur de 35,52 roubles, en hausse de 4 kopecks. De son côté, la devise russe s'échangeait à 42,15 roubles pour un euro, le rouble atteignant son niveau le plus faible depuis début 2010.