René-Marc Chikli, le président de l'association des tour-opérateurs français CETO, attend de la présidentielle qu'elle aboutisse à une reconnaissance du tourisme comme un secteur-clé de l'économie française, placé sous la houlette d'un responsable interministériel.
Q: Qu'attendez-vous du président après son élection ?
R: Il faut une vraie reconnaissance dans ce pays de l'activité de services, une vraie démarche pour développer les activités de services. C'est essentiel si on veut trouver des éléments de la croissance et de l'emploi pour soutenir notre économie, compte tenu de l'état des finances de la France. Ce pays a les moyens de le faire. Et c'est un vrai besoin.
Q: Que devra-t-il faire en premier ?
R: Considérer que le tourisme est un élément indispensable pour le développement du pays, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent. Le tourisme pèse 7% du PIB de la France, c'est un million d'emplois directs et autant d'emplois indirects, la France est la première destination touristique mondiale. Il faut que ce secteur soit reconnu à sa juste valeur, de manière cohérente, que ce soit à l'import ou à l'export, par rapport à son poids pour l'économie du pays. Le tourisme pèse plus lourd que l'automobile ou l'agriculture, il faut avoir ça à l'esprit.
Dans cette optique, il faudra créer au plus vite pour ce secteur un poste d'interministériel rattaché au gouvernement, pour faciliter le travail de l'ensemble des acteurs du tourisme. Plus qu'un ministre du Tourisme, il nous faut quelqu'un qui soit capable de couvrir toutes les activités de l'industrie du tourisme, de faire le relais sur tous les ministères concernés. On a demandé cela en 2007 et on ne l'a jamais obtenu. Le tourisme c'est une industrie, ce n'est pas seulement du service, c'est un secteur confronté à des questions de santé, aux affaires étrangères dans le cadre des destinations, etc.
Q: Ce qu'il ne devra surtout pas faire?
R: Conserver le système actuel et ignorer que notre secteur est une activité à part entière qui crée de l'emploi et qui participe à l'ouverture d'esprit des Français sur le monde.
A chaque fois que la personne en charge du Tourisme s'adresse au ministère de l'Economie, dont elle dépend, on ne lui donne pas de budget. Quand on annonce la composition du gouvernement, l'avant-dernier nommé, juste avant les Anciens Combattants, c'est le Tourisme, alors qu'il serait légitime que nous soyons plus haut dans la liste des priorités.
Propos recueillis par Audrey KAUFFMANN