La diminution significative des subventions agricoles européennes, évoquée récemment par Bruxelles pour 2014, est une "erreur majeure", selon le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, pour qui il s'agirait de renoncer au caractère stratégique de l'Agriculture.
"Je ne suis pas d'accord, je pense que c'est une erreur majeure", a estimé dimanche M. Le Maire sur Europe 1.
"Cela consiste à dire : finalement l'agriculture n'est plus quelque chose de stratégique", a affirmé le ministre, qui juge, au contraire, que "l'agriculture est plus stratégique aujourd'hui qu'elle ne l'était hier".
Dans un projet de proposition sur le futur cadre budgétaire européen pluri-annuel ("Perspectives financières") qui débutera en 2014, Bruxelles esquisse une évolution sensible de la Politique agricole commune (PAC) et prévoit une diminution "significative" des subventions agricoles.
A l'heure actuelle, le budget de la PAC (aides directes aux agriculteurs et développement rural) absorbe à lui seul 47% du budget total de l'UE qui s'élève à 116 milliards d'euros en 2008.
"Jamais ne prendrai la responsabilité de mettre l'Europe en situation de dépendre en matière alimentaire des pays extérieurs à l'Europe", a déclaré M. Le Maire.
"Hier, nous n'avions pas le risque de ne pas arriver à nourrir l'ensemble de la planète d'ici 25 ans, (...) pas plus d'un milliard de citoyens du monde qui souffraient de la faim, nous n'avions pas les problèmes sanitaires et de développement durable", a fait valoir le ministre.
M. Le Maire reste néanmoins un "européen convaincu" et estime qu'il "n'y a pas d'autre avenir dans l'agriculture française que dans la PAC".
Pour autant, il ne se "retrouve pas dans un certain nombre de décisions qui sont prises par la Commission".
Le ministre a notamment critiqué le nouveau règlement technique européen sur la pêche, qui doit être discuté lors de la réunion des ministres européens de l'Agriculture et de la Pêche, mi-novembre.
Pour M. Le Maire, ce nouveau règlement "fourmille de nouvelles contraintes qui ne sont pas compréhensibles pour les pêcheurs et qui, à mon sens, n'obéissent à aucune légitimité économique".
"Soit il change radicalement d'ici quinze jours, soit nous ne pourrons pas le soutenir et il faudra se donner du temps pour retravailler le texte", a-t-il prévenu.
M. Le Maire a dénoncé un "climat de suspicion qui pèse sur les pêcheurs", lequel n'est "pas bon".