Plus de 20.000 personnes ont manifesté à Athènes et Salonique sous la pluie mardi, jour de grève générale de 24 heures en Grèce, pour protester contre un nouveau train de mesures d'austérité imposé par les créanciers du pays.
Sous le mot d'ordre "ça suffit, on ne peut plus", les sympathisants de la centrale du privé (GSEE, 700.000 adhérents) et celle du public (Adedy, 350.000) ont manifesté à Syntagma, la place centrale d'Athènes, théâtre de manifestations massives depuis le début de la crise, il y a deux ans.
Le plus grand cortège était celui des sympathisants du syndicat pro-communiste, Front de lutte des travailleurs (Pame).
Au total, la police a recensé 20.000 personnes dans les rues des deux principales villes du pays, Athènes et Salonique, dans le nord.
Derrière les bannières "non aux licenciements dans la fonction publique", "non à la baisse du salaire minimum" et "non aux réduction des retraites complémentaires", les manifestants ont résumé leurs objections aux nouvelles réformes demandées par les créanciers du pays, zone euro (BCE et FMI). En échange d'un engagement de la Grèce en faveur de ces mesures, ceux-ci s'apprêtent à accorder un deuxième prêt d'au moins 130 milliards d'euros, qui ferait suite aux 110 milliards accordés en mai 2010.
Mais la population grecque qui a déjà accepté une première cure d'austérité depuis le printemps 2010 réagit. Mardi, écoles, ministères, hôpitaux, médias publics et banques étaient touchés par la grève. Les transports urbains, le métro et les bus ont observé des arrêts de travail.
Les bateaux sont restés à l'ancre tandis que les trains ne fonctionnaient pas. En revanche, aucune annulation n'était annoncée dans le transport aérien.
Les manifestants s'opposent notamment à la demande de baisse des salaires et de réduction du salaire minimum formulée par les créanciers. Elle est jugée inacceptable dans un pays plongé dans la récession depuis quatre ans, et où prix à la consommation et taxes continuent de s'envoler.
Ils s'opposent aussi au projet de coupes dans les retraites complémentaires et de suppression de 15.000 emplois dans le secteur public.
"On est là parce qu'on sera dans les premiers de la prochaine fournée de 15.000 à être licenciés" explique Vassilis Bakalis, 34 ans, conservateur au musée Byzantin d'Athènes.
Malgré l'agitation sociale et la nervosité des marchés, la Grèce a réussi mardi à lever 812,5 millions d'euros en bons du Trésor à six mois, à un taux d'intérêt en très légère baisse (4,86%) par rapport à la dernière émission du même type.
Tard dans la nuit de lundi à mardi, le Premier ministre, Lucas Papademos, avait tenu une nouvelle rencontre marathon avec la délégation de la troïka (BCE, UE, FMI) pour essayer de renégocier les mesures de rigueur, qui provoquent des réactions jusqu'au sein des trois partis de la coalition gouvernementale (socialistes, droite, extrême droite).
La troïka demande l'accord explicite des leaders politiques de la coalition sur ces réformes et sur leur mise en oeuvre avant de s'engager sur le deuxième prêt.
La validation de ce nouveau programme d'ajustement est aussi la condition préalable pour avaliser parallèlement un autre accord avec les créanciers privés du pays sur la restructuration de la dette grecque.
Devant les tergiversations des leaders politiques, M. Vénizélos a dénoncé lundi soir le "manque d'unité" des partis gouvernementaux, alors que le pays est confronté à une "négociation critique" et que se rapproche le "risque d'un défaut" de paiement d'Athènes le 20 mars, date à laquelle arrive à échéance une obligation de 14,5 milliards d'euros.
Après une première tentative dimanche de M. Papademos de convaincre les trois leaders, Georges Papandréou (socialiste), Antonis Samaras (droite) et Georges Karatzaféris (extrême droite) de donner leur feu vert aux mesures, le Premier ministre devrait de nouveau les rencontrer mardi soir.
Pendant les discussions, les pressions des créanciers sur la Grèce se sont poursuivies.
Une commissaire européenne, Neelie Kroes (Pays-Bas), chargée des Nouvelles Technologies, a estimé qu'une sortie d'un pays de la zone euro ne serait pas "mort d'homme". Tandis que le couple Merkel-Sarkozy a suggéré la création d'un compte bloqué pour garantir l'affectation des fonds européens accordés à la Grèce au service de la dette, une proposition soutenue par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.