La Banque mondiale a relevé jeudi sa prévision de croissance 2009 pour la Chine de 6,5% à 7,2% sur un an, constatant l'impulsion donnée à l'économie par les efforts massifs d'investissements entrepris par les pouvoirs publics.
"La croissance en Chine devrait rester respectable cette année et celle d'après, bien qu'il soit trop tôt pour affirmer qu'une reprise soutenue et robuste soit en cours", a cependant tempéré l'institution.
"Nous projetons une croissance du produit intérieur brut de 7,2% en 2009 et de 7,7% en 2010", affirme-t-elle dans son rapport trimestriel sur l'économie chinoise.
Pour 2009, "nous estimons en gros qu'environ six points de pourcentage sont induits par ce que nous appelons les dépenses influencées par le gouvernement", a précisé Louis Kuijs, économiste de la Banque en présentant le rapport.
Dans ses précédentes prévisions, en mars, la BM tablait sur une hausse de 6,5% du produit intérieur brut cette année.
Entretemps, l'économie chinoise a donné de nombreux signes d'amélioration, sur le front notamment de la consommation, des investissements en capital fixe (près de 33% de hausse depuis janvier), de la production industrielle.
Elle a été stimulée par les mesures du gouvernement en faveur de secteurs clefs et son plan de relance de 4.000 milliards de yuans (420 milliards d'euros) annoncé en novembre, prévoyant de grands investissements, en particulier dans les infrastructures.
"L'évolution de l'économie réelle est quelque peu meilleure que ce à quoi l'on s'attendait il y a trois mois. Plus important : le crédit bancaire dans la première partie de 2009 a été plus important que prévu", explique la Banque mondiale (BM).
Selon les statistiques officielles, les prêts accordés durant les cinq premiers mois de l'année, ont déjà dépassé l'objectif fixé par les autorités pour tout 2009.
"Ce rythme n'est pas durable", avertit néanmoins la BM.
La Banque note aussi qu'en dehors des "investissements fortement influencés par le gouvernement, l'investissement basé sur le marché devrait rester à la traîne".
Si les efforts officiels sont bienvenus, ils devraient aussi accroître le deficit budgétaire chinois, et réduire la marge de manoeuvre des autorités en 2010, sans pour autant créer une vraie reprise économique "étant donné l'environnement mondial et les perspectives ternes pour l'investissement basé sur le marché".
"Il y a des limites à ce que la Chine peut faire et pendant combien de temps, en se distinguant de la croissance mondiale, grâce aux dépenses influencées par le gouvernement, puisque l'économie réelle de la Chine est relativement intégrée dans l'économie mondiale", dit le rapport.
Louis Kuijs a notamment mis en avant l'impact sur l'économie chinoise de la décélération des flux commerciaux.
"Vu le ralentissement probable des exportations dans les dix prochaines années et aussi l'importance des exportations pour l'économie chinoise, nous pourrions devoir réduire nos attentes de croissance pour la Chine à moyen terme de deux points de pourcentage à peu près, ce qui est significatif, mais pas catastrophique", a-t-il dit.
Frappé par la crise internationale qui a entraîné une chute de la demande des économies en difficulté, le commerce chinois a baissé de 24,7% depuis le début de l'année, avec un déclin des exportations de 21,8% et des importations de 28,0% sur ces cinq premiers mois.