Les banques françaises n'ont pu tenir leurs engagements de faire progresser les crédits de 3 à 4% en 2009 et le gouvernement va les réunir prochainement pour s'assurer qu'elles soutiendront bien la reprise cette année, en épaulant les entreprises, surtout les PME.
Les banques prévenaient régulièrement depuis six mois que l'objectif fixé en octobre 2008 dans le cadre du plan de soutien au secteur bancaire ne serait pas atteint, invoquant une dégradation trop brutale de l'économie.
Les crédits aux particuliers et aux entreprises n'ont finalement progressé que de 1,8% pour l'ensemble du marché, selon les chiffres publiés vendredi par la Banque de France.
En-deçà de leur cible, les banques françaises font plutôt figure de bon élève en zone euro, où les crédits ont stagné en 2009.
Elles sont néanmoins sauvées par le crédit aux ménages, qui est resté dynamique (+4,1%) grâce au rebond du crédit immobilier au deuxième semestre et à la prime à la casse qui a soutenu le crédit à la consommation.
Car le crédit aux entreprises est en baisse de 0,9%, avec un tassement très marqué pour les crédits de trésorerie (-14%).
Les banques ont répété ces derniers mois que ce repli spectaculaire des crédits de trésorerie était dû à la baisse du niveau moyen des stocks des entreprises ainsi qu'au raccourcissement des délais de paiement.
Autre argument des établissements de crédit, les grandes entreprises ont eu massivement recours aux emprunts obligataires, en lieu et place des emprunts bancaires classiques.
Pour autant, le gouvernement entend maintenir la pression sur les banques, pour s'assurer que le crédit alimentera bien la fragile reprise économique qui s'amorce.
La ministre de l'Economie Christine Lagarde recevra le 11 février les représentants des banques françaises "pour vérifier les résultats (du crédit, ndlr) sur 2009 et comprendre ce qu'elles vont faire pour améliorer la situation en 2010", a-t-elle rappelé dimanche sur France 2.
"Je ne veux pas que les banques laissent tomber" les PME a notamment prévenu la ministre.
"Il faut qu'elles accompagnent les PME, qui vont pâtir de la fin d'un moratoire sur les dettes fiscales et sociales", fait valoir Alexander Law, économiste du cabinet Xerfi.
En amont, les banques françaises se sont engagées mercredi à faciliter l'accès des TPE (très petites entreprises de moins de dix salariés) au crédit de trésorerie et à communiquer sur les délais de réponse à une demande.
Première à dégainer, la banque BNP Paribas va débloquer 150 millions d'euros pour financer de nouveaux crédits de trésorerie en faveur des TPE (très petites entreprises soit moins de dix salariés) et s'engage à donner une réponse sous huit jours ouvrés à une demande de crédit.
La Société Générale indique de son côté qu'elle promet déjà une réponse dans les 48 heures pour des demandes de facilité de caisse inférieures à 15.000 euros.
Quant à la Caisse d'Epargne, elle affirme "ne pas avoir attendu" et rappelle qu'un dispositif existe depuis fin 2008 dans ses caisses pour "répondre aux préoccupations des TPE, notamment sur la trésorerie".
"Ce qui m'importe beaucoup, c'est que cet argent soit disponible sans que soient demandées des garanties supplémentaires" aux entreprises, souligne le président de la CGPME Jean-François Roubaud.
Il s'inquiète également des taux d'intérêt pratiqués par certaines banques pour les découverts, citant plusieurs exemples qui vont jusqu'à 16%.
Néanmoins, il salue "la volonté de Baudouin Prot (directeur général de la FBF et patron opérationnel de BNP Paribas) de dialoguer, ce qui est déjà en soi une grande nouveauté".