Les fonctionnaires se sont mobilisés mardi pour leurs salaires, réclamant une revalorisation du point d'indice qui sert de base à leur calcul, mais se sont heurtés à une fin de non recevoir du gouvernement.
Les huit syndicats de fonctionnaires (CGT, CFDT, FO, FSU, Unsa, Solidaires, CFTC et CGC) avaient appelé les 5,2 millions d'agents des trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière) à se "mobiliser fortement" contre la "politique d'austérité salariale" du gouvernement, après l'annonce mi-avril du gel du point d'indice pour la deuxième année consécutive en 2012.
La CGT, premier syndicat de fonctionnaires, a recensé près de 150 manifestations et rassemblements en France. A la mi-journée, le gouvernement avait comptabilisé environ 5% de grévistes.
Dès mardi matin, le ministre du Budget et de la Fonction publique François Baroin, qui a repris les attributions du secrétaire d'Etat Georges Tron après sa démission suite à des accusations de harcèlement sexuel, a fait savoir qu'il n'y aurait "pas de réouverture des négociations" sur le point d'indice.
"Nous poursuivrons la discussion, mais pas sur le point d'indice", a-t-il indiqué.
Une délégation syndicale a été reçue à la mi-journée au ministère et s'est vue de nouveau opposer une "fin de non recevoir catégorique", a rapporté Jean-Marc Canon (CGT).
"Le gouvernement ne veut rien entendre et il y a donc là un casus belli", a-t-il ajouté, annonçant que les syndicats allaient "se revoir très rapidement" pour "développer ensemble la riposte".
Le gouvernement fait valoir que le point d'indice n'est qu'un des éléments de l'évolution de la rémunération des fonctionnaires, également liée à des mesures individuelles et catégorielles, et évalue la hausse de leur pouvoir d'achat à 10% depuis 2007.
Interrogé à l'Assemblée nationale, M. Baroin a justifié sa décision dans l'après-midi, en soulignant notamment que "l'addition des mesures individuelles représente une part prépondérante dans l'analyse de l'évolution du pouvoir d'achat" des agents.
Mais les syndicats n'ont pas la même méthodologie et, en excluant les mesures individuelles, dénoncent une perte de pouvoir d'achat d'environ 10% en dix ans par rapport à l'inflation.
Ils jugent l'augmentation du point cruciale, car il est le seul élément de la rémunération qui touche tous les agents.
Selon un sondage Ifop pour Acteurs publics, rendu public mardi, 90% des cadres fonctionnaires estiment que le président Nicolas Sarkozy n'a pas tenu la promesse faite au début de son mandat d'avoir "moins de fonctionnaires, mieux payés, avec de meilleures perspectives de carrière".
Sur le terrain, la mobilisation des fonctionnaires, qui a reçu le soutien du Parti socialiste et du Parti communiste, s'est traduite par une série de manifestations et rassemblements.
A Paris, plusieurs centaines d'agents (5 à 600, selon les participants), se sont ainsi regroupés à proximité du ministère à Bercy, tandis qu'ils étaient 3.000 à Bordeaux selon les organisateurs et 750 selon la police.
A Lyon, ils étaient entre 1.500 et 2.000 selon les syndicats (1.100 selon la police), plus de 1.000 à Lille (850 selon la police), entre 1.500 et 1.800 Toulouse (500 selon la police) un millier à Strasbourg (750 selon la police) et 800 à Orléans (500 selon la police).
D'autres manifestations ou rassemblements ont également eu lieu à Saint-Etienne, Rennes, Roanne, Grenoble, Clermont-Ferrand, Reims, Troyes, Chaumont, Laon, Rennes, Rouen, le Havre, Metz, ou encore Dunkerque.