Les pays de l'UE ont donné mardi leur feu vert à d'éventuelles sanctions financières contre la Hongrie pour cause de déficit excessif, le jour même où son Premier ministre Viktor Orban s'est rendu à Bruxelles pour parler de ses lois controversées.
Les ministres des Finances de l'Union européenne ont ouvert la voie à des sanctions inédites pour déficit excessif contre la Hongrie en approuvant une recommandation en ce sens de la Commission.
"La Hongrie n'a pas fait le nécessaire" et la décision prise mardi "permet à la Commission européenne de prendre des mesures supplémentaires", a expliqué la ministre danoise des Finances, Margrethe Vestager, dont le pays préside l'UE, au cours d'une conférence de presse.
Le chiffre de déficit 2011 avancé par Budapest est certes sur le papier sous la barre des 3% du PIB - la limite maximale tolérée en Europe - mais il a été calculé à partir d'éléments exceptionnels qui faussent le jugement, selon Bruxelles.
Les Etats de l'UE ont donc suivi la Commission. Les sanctions pourraient prendre la forme d'un gel de subventions européennes, notamment celles du fonds de cohésion de l'Union européenne.
Toutefois, elles ne sont pas pour tout de suite et Budapest a "amplement le temps" de prendre les mesures budgétaires adéquates, a tempéré le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn.
Si la Hongrie n'y parvient pas cette année, alors "nous avons la possibilité de suspendre les fonds de cohésion à partir de janvier prochain", a-t-il expliqué.
Politiquement, il s'agit néanmoins d'un coup dur pour Viktor Orban au moment où son pays, au bord de la banqueroute, cherche à obtenir des prêts de l'UE et du FMI, dont le montant n'est pas précisé mais qui pourraient s'élever entre 15 et 20 milliards d'euros.
Au cours de la réunion mardi matin, "de réelles tensions politiques" sont apparues entre la Hongrie et ses partenaires, selon une source diplomatique européenne, indiquant que l'état des forces était de "26 contre un".
"Le déficit est une chose mais il y a aussi plus globalement des préoccupations sur la direction prise politiquement par la Hongrie", a souligné cette source.
Budapest fait depuis le 17 janvier l'objet de trois procédures d'infraction au droit communautaire. La Commission européenne, craignant pour l'indépendance de la banque centrale, mais aussi celle de la justice et de l'autorité de protection des données, lui a donné un mois pour modifier ces textes sous peine de poursuivre Budapest en justice.
Bruxelles s'inquiète aussi des restrictions à l'indépendance des médias. Plus fondamentalement, M. Orban est accusé de dérives autoritaires par ses opposants.
M. Rehn a souligné que la "pleine indépendance de la banque centrale" était une condition à l'octroi d'une aide financière. Le FMI est sur la même ligne.
Sur ces sujets, M. Orban devait rencontrer mardi après-midi le président de l'UE, Herman Van Rompuy, puis le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
M. Orban a dit être prêt à assouplir sa position tout en cherchant à ramener les contentieux à des points juridiques pour échapper aux critiques sur les atteintes à la démocratie dans son pays. Il refuse néanmoins de revenir sur un point contesté mais central à ses yeux: l'obligation faite aux banquiers centraux dans son pays de prêter serment à la Hongrie.
M. Orban a aussi rencontré mardi le nouveau président du Parlement européen, le socialiste allemand Martin Schulz, qui l'a accusé de jouer un double jeu à l'égard de l'Union européenne.
Le Premier ministre hongrois "se montre efficace en utilisant la rhétorique européenne à Bruxelles puis en blâmant cette même rhétorique quand il se trouve à Budapest", a estimé M. Schulz, mais il doit "prendre en considération le fait que les leaders européens ne sont pas idiots".