Sanofi annonce une réorganisation dans la recherche, la production de vaccins et les fonctions support, sans préciser son impact sur les effectifs, mais les syndicats y voient "un nouveau plan de restructuration" pouvant toucher 1.200 à 2.500 postes en France.
Le groupe pharmaceutique, l'une des valeurs phare du CAC 40, s'est dit en quête d'une meilleure compétitivité, alors qu'un nouveau plan de 2 milliards d'euros d'économies d'ici à 2015 avait été annoncé en début d'année, dans la foulée de celui d'un même montant réalisé entre 2009 et 2011.
Les axes de cette réorganisation ont été abordés jeudi lors d'un comité de groupe au siège de Gentilly (Val-de-Marne), mais il n'y a pas eu d'annonce précise sur l'emploi.
"A ce stade, ce serait prématuré", a affirmé à l'AFP Christian Lajoux, le président de Sanofi France mettant en avant "une démarche stratégique".
En l'absence de "plan finalisé", M. Lajoux a renvoyé à septembre le début de discussions plus précises.
Mais la CFDT, premier syndicat du groupe qui compte environ 28.000 salariés en France, a estimé que 1.200 à 2.500 postes pourraient disparaître dans les réorganisations envisagées.
"Selon des sources internes, entre 1.200 et 2.500 postes" seraient concernés par cette restructuration, a déclaré à l'AFP Pascal Vially, coordonnateur CFDT. "Globalement, ça va se situer dans cette fourchette", a-t-il affirmé.
Selon Thierry Bodin, coordinateur CGT, "il n'y a pas de volume exact", mais "le chiffrage de 2.000 doit être proche de la réalité".
Les syndicats ont fait part de leurs fortes inquiétudes pour les salariés de la recherche (amont) à Toulouse et Montpellier, qui seraient directement visés par cette restructuration.
Une palette d'outils pour gérer une baisse des effectifs
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Pour le site de Toulouse, la direction envisage "une sortie du groupe" aux contours incertains (cession, fermeture?). Gérard Falquet, délégué CGT, a indiqué ne pas "s'y attendre du tout". "C'est une déception sans nom puisqu'à aucun moment, nous n'avons eu le sentiment qu'on allait disparaître du groupe", a-t-il dit.
A Montpellier aussi, la recherche amont (200 des 1.100 salariés) devrait disparaître.
"Nous voulons faire en sorte que notre recherche produise plus de nouveaux médicaments", a expliqué Christian Lajoux, ce qui passerait "sûrement par une spécialisation des sites".
Sanofi France veut aussi revoir sa production de vaccins humains (Sanofi Pasteur), actuellement concentrée en région lyonnaise et en Normandie. La direction parle "d'adaptations qui améliorent la performance économique des unités industrielles", sans plus de détails.
Pour la CGT, "il y aura un plan de réduction des effectifs, mais on n'en sait pas plus". Une source syndicale FO a avancé à l'AFP le chiffre de 2.000 postes qui pourraient être touchés par la réorganisation de Sanofi Pasteur d'ici à 2015.
Selon Patrick Parisy, élu FO, Sanofi veut mettre en place une large palette d'outils pour gérer les conséquences sur l'emploi: congé anticipé d'activité ("pré-retraite"), départs volontaires, mobilité interne, plans de formation.
Le troisième axe de réorganisation vise les fonctions support (services administratifs, informatique, achats, ressources humaines, etc.) qui devraient être davantage regroupées.
La production industrielle, hors vaccins, n'est pas concernée par les réorganisations qui ont déjà visé ces dernières années la visite médicale, la recherche et la chimie.
"Nous allons nous battre jusqu'au bout pour qu'il en soit autrement", a déclaré Thierry Bodin, soulignant qu'entre 2009 et 2011, 4.000 postes avaient déjà été supprimés en France.
"Economiquement, il n'y a pas de justification puisque la direction reconnaît que Sanofi fait 8,8 milliards de profits et va verser 4,5 milliards aux actionnaires", a conclu, amer, le responsable CGT.