2009 a été une année noire pour le crédit à la consommation en France, avec une chute record de 13,3% des crédits accordés, liée à la hausse de l'épargne des ménages, à une distribution plus prudente du crédit et à un contexte de défiance alors que le surendettement grimpe.
L'Association française des sociétés financières (ASF), qui enregistre environ 60% du total des opérations, a comptabilisé 38,0 milliards d'euros de crédits consommation distribués sur l'année, contre 43,8 en 2008, une "décrue d'une ampleur sans précédent en 45 ans de suivi statistique de l'activité".
Seuls ont résisté les financements d'automobiles neuves, en hausse de 2,7%, en partie grâce à l'effet stimulant de la prime à la casse.
L'année 2008 avait déjà été marquée par une baisse, mais dans une moindre mesure (-2,4%).
La crise est incontestablement passée par là. Du côté de la demande, les ménages ont plus que jamais joué les cigales, avec un taux d'épargne qui a pu atteindre, au troisième trimestre 2009, 17% des revenus, un score inégalé depuis 2002.
Les Français ont aussi préféré les achats moins coûteux, notamment pour l'achat de véhicules automobiles, si bien que le montant moyen d'un crédit consommation a baissé de plus de 10% par rapport à l'année précédente, selon Nicolas Pécourt, directeur des études chez Sofinco.
Enfin, les crédits consommation pour l'équipement de la maison ont baissé en relation avec le repli des investissements immobiliers.
L'offre a aussi été réduite de manière significative, selon Eric Delannoye, du cabinet de conseil Weave.
Les établissements de crédit se sont d'abord trouvés confrontés début 2009 à une raréfaction de leurs ressources financières, qui a diminué leur capacité de prêt, puis ils ont dû sélectionner plus sévèrement les dossiers des emprunteurs pour éviter la multiplication des défauts de paiement.
La crise et son corrolaire la hausse du chômage augmentent logiquement les difficultés des ménages à rembourser leurs crédits, comme en témoignent les chiffres du surendettement (+6% de ménages surendettés sur un an à fin septembre).
Le projecteur mis par les médias sur ces problèmes de surendettement, en parallèle de l'annonce par la ministre de l'Economie Christine Lagarde d'une grande loi d'encadrement du crédit à la consommation, et notamment du crédit renouvelable, n'a pas favorisé sa distribution.
Les consommateurs se sont montrés méfiants et les distributeurs ont mis un frein à leurs campagnes commerciales.
"La France est un pays où l'endettement reste relativement faible, mais où le thème du surendettement focalise l'attention. Cela, ajouté à la crise, a rendu le marché très compliqué", explique Pascal Roussarie, chargé de communication pour Cetelem (groupe BNP Paribas).
L'année 2010 devrait être tout aussi compliquée. Les crédits destinés à financer des achats d'automobiles ou d'équipement de la maison devraient au mieux être stables, selon M. Pécourt.
L'année sera aussi marquée par l'adoption de la loi sur le crédit à la consommation, dont les décrets ne devraient pas être publiés avant 2011.
Le crédit conso pourrait toutefois être relancé par l'arrivée d'un nouveau venu de taille sur ce secteur: la Banque Postale, via sa filiale Banque Postale Financement.