Le distributeur de parfums Marionnaud, vendu en 2005 par son fondateur Marcel Frydman à un milliardaire chinois, prévoit de supprimer quelque 700 emplois en France, soit 17% de ses effectifs, tout en maintenant son maillage de 562 magasins.
Les effectifs doivent être réduits de 659 postes, ce qui affecte les deux tiers des magasins, et de 45 au siège. En parallèle, une cinquantaine de postes doivent être créés, soit un solde net de 650 suppressions d'emplois.
"Lors du rachat en 2005, Marionnaud était au bord du dépôt de bilan. Nous avons réalisé beaucoup d'investissements dans un nouveau concept (de magasin, ndlr), la logistique, l'informatique, qui était inexistant, mais les pertes sont là et la crise économique ne va pas dans notre sens", a déclaré à l'AFP William Koeberlé, directeur exécutif (CEO) du groupe.
C'est en 1984, pour tromper l'ennui de son épouse, que Marcel Frydman lui avait offert une parfumerie, et de là, bâti un empire. Fin 2004, des erreurs comptables avaient été découvertes, qui avaient plongé ses résultats dans le rouge.
Depuis, l'ex-PDG a été condamné à plusieurs reprises, notamment pour avoir truqué les comptes de l'entreprise en 2002 et 2003 et pour des délits d'initiés entre 2003 et 2004.
Le credo de la nouvelle direction est de faire de Marionnaud un "retailer (détaillant) international structuré" et de "renouer avec la rentabilité en France", où la concurrence des Sephora, Nocibé et autres Douglas est forte.
Les frais généraux doivent être réduits de 20%. L'offre doit être redéfinie par enseigne grâce à l'analyse des cartes fidélité des clients. Des investissements sont en outre prévus dans les magasins et instituts de beauté Marionnaud.
Depuis avril, 15% des effectifs sont passés aux 35 heures sur la base du volontariat, les autres salariés demeurant aux 33 heures sur 4 jours, survivance de l'ère Frydman.
Ailleurs en Europe, où le groupe est également implanté (1.200 magasins et 7.000 salariés au total), les mêmes mesures sont mises en oeuvre mais l'impact sur l'emploi y est très réduit, a précisé la direction.
"Est-ce que cela va sauver Marionnaud?", s'interroge l'Unsa, syndicat majoritaire pour qui "notre grande richesse est notre capital humain, notre proximité". "Nous souffrons d'une mauvaise gestion et d'une mauvaise politique commerciale depuis notre rachat en 2005", estime la déléguée syndicale Florence Bourg, citant "l'absence de stocks".
Pour la CGT aussi, "depuis son rachat par le milliardaire chinois Li Ka-Shing par le biais de A.S. Watson en 2005, l'enseigne Marionnaud ne cesse de licencier son personnel".
En 2006, le groupe avait fermé 25 plateformes de distribution, une mesure concernant 450 salariés, dont une centaine repris par une entreprise extérieure, une centaine reclassés et les autres licenciés.
Le groupe a fermé fin mai son magasin parisien de produits détaxés (duty free) Paris Look, employant 125 salariés.
La direction affirme aujourd'hui qu'elle va rechercher "toutes les possibilités de mobilité dans le groupe Marionnaud, mais également dans le groupe A.S. Watson, premier réseau de distribution dans le domaine de la santé beauté dans le monde". Mais "tout le monde ne peut pas partir à l'étranger", note l'Unsa.