La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a estimé dimanche à Pékin que l'économie mondiale montrait des "signes de stabilisation" même si elle a encore des difficultés à affronter certaines "faiblesses".
"Les dernières années ont été extrêmement difficiles dans beaucoup d'endroits du monde. Et ces derniers mois, la situation était même sinistre" a-t-elle affirmé dans le cadre du China Development Forum qui réunit ce week-end à Pékin des chefs d'entreprise et des chercheurs venus du monde entier, ainsi que des dirigeants chinois.
"Et pourtant aujourd'hui nous voyons des signes de stabilisation, des signes que les politiques menées portent leurs fruits. Les conditions de marchés se sont détendues et les indicateurs économiques récents commencent à s'améliorer, y compris aux Etats-Unis", a ajouté Mme Lagarde.
Elle a aussi salué "les avancées importantes avec le renouvellement du soutien à la Grèce de la part du FMI et des partenaires européens". "A la suite de cet effort collectif, l'économie mondiale n'est plus au bord du précipice et nous avons des raisons d'être plus optimistes", a insisté la patronne du FMI.
Elle a cependant souligné qu'il y avait encore des "faiblesses économiques et financières majeures à affronter", comme la fragilité persistante des systèmes financiers, un endettement public et privé qui reste trop fort dans beaucoup d'économies développées ou des prix du pétrole très élevés.
Elle a par ailleurs estimé que la Chine devait "continuer à réorienter les moteurs de sa croissance économique de l'investissement et des exportations vers la consommation intérieure" pour notamment mieux faire partager les fruits de la croissance.
Interrogée lors d'un point de presse pour savoir si elle estimait que le yuan est "proche de son niveau d'équilibre" ou bien encore "substantiellement" sous-évalué, Mme Lagarde a déclaré que le Fonds "poursuit son évaluation" sur cette question, dont ne sera connu que "bien plus tard cette année".
Elle a toutefois souligné que la Chine avait aujourd'hui une balance des comptes courants bien plus équilibrée qu'avant la crise financière. "La balance des compte courants, qui est passée d'un excédent de 10% avant la crise à moins de 3% aujourd'hui, est "une réponse significative aux arguments que nous entendons sur le yuan", selon la directrice générale du FMI. La balance des comptes courants est la mesure la plus large des échanges d'un Etat avec le monde. Lorsque la balance est excédentaire, cela exerce une pression à la hausse sur la monnaie.
Le yuan, qui est considéré comme sous-évalué par les principaux partenaires commerciaux de la Chine, s'est apprécié de 30% depuis 2005 par rapport au billet vert, mais son taux de change reste étroitement contrôlé par la banque centrale.
Aussi l'appréciation du yuan s'est-elle ralentie depuis l'été dernier alors que les exportateurs chinois connaissent des difficultés sur les marchés européen et américain.
Le vice-Premier ministre chinois Li Keqiang, qui devrait selon les observateurs remplacer l'an prochain d'actuel Premier ministre Wen Jiabao, a également insisté dans une allocution sur la nécessité de rééquilibrer la croissance chinoise vers plus de demande intérieure.
A cet égard, il faut "utiliser des projets d'aide sociale comme des vecteurs de croissance", a notamment déclaré M. Li. Une proposition soutenue par le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, pour lequel plus de dépenses sociales en Chine serait bon pour la croissance parce que la population aurait alors "tendance à consommer plus et à épargner moins".