Les cheminots en grève depuis une semaine contre le projet de réforme ferroviaire ont désormais en ligne de mire les députés, qui poursuivent mercredi l'examen du texte soumis à des centaines d'amendements, dont certains devraient apaiser les inquiétudes des syndicats.
La grève à la SNCF lancée le 10 juin au soir par la CGT-Cheminots et Sud-Rail engendrait toujours mercredi des perturbations, malgré un trafic encore en amélioration, selon les prévisions de l'entreprise.
L'examen du texte a débuté mardi après-midi. Près de 400 amendements ont été déposés, émanant de tous les groupes.
A l'ouverture des débats, le secrétaire d'Etat aux Transports Frédéric Cuvillier a appelé tous les députés à soutenir sa réforme pour "sauver et assurer financièrement la pérennité de ce qui est pour nous un modèle de service public ferroviaire national".
Il a souhaité que ce débat "n’ouvre pas une bataille parlementaire du rail". Le texte bénéficie du soutien du PS et des écologistes mais se heurte à l'opposition du Front de gauche et aux critiques de l'UMP. Le groupe UDI est "plutôt enclin à voter pour la réforme ferroviaire", s'il n'y a pas de "recul" au cours du débat.
La réforme vise à stabiliser la dette du secteur ferroviaire (44 milliards d'euros) et à préparer son ouverture totale à la concurrence. Le projet prévoit de regrouper dans une holding publique la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), qui gère le réseau.
Une "réunification de façade" qui ne résout pas l'endettement, estiment la CGT et SUD-Rail, qui représentent plus de 52% des voix des salariés.
- Une "dette insupportable" -
Cette réforme est "indispensable", a redit le Premier ministre Manuel Valls devant les députés, le gouvernement "est ferme et déterminé à faire en sorte que cette réforme puisse aboutir".
Une fermeté que Jean-Claude Mailly (FO) a qualifié d'"autoritarisme". "Par expérience, quand il y a un conflit il faut négocier, il n'y a pas d'autre sortie possible", a-t-il dit.
A propos de la dette, sujet d'inquiétude des cheminots, M. Valls a confirmé que le Parlement serait "pleinement informé des différentes solutions envisageables à moyen terme pour le traitement apporté à cette dette insupportable", en réponse à une question du député communiste André Chassaigne (Puy-de-Dôme). A cet effet, le gouvernement a promis un "rapport" au parlement.
Depuis le début du conflit, le gouvernement et le président François Hollande ont affiché leur fermeté face aux cheminots.
"Alors qu'il y a tous les ingrédients pour une sortie de crise rapide, la CGT et SUD-Rail avancent d'autres revendications qui n'ont souvent rien à voir avec la réforme soumise au Parlement. Ce n'est pas responsable", leur a reproché M. Cuvillier.
Pour lui, cette situation peut s'expliquer par le fait que la CGT-Cheminots "hésite aujourd'hui entre une attitude réformiste et la radicalisation".
Les syndicats réformistes, l'Unsa-Cheminots et la CFDT, respectivement deuxième et quatrième organisation, se sont dits satisfaits des "avancées" concédées la semaine dernière par M. Cuvillier.
Ces deux syndicats ont signé un accord avec le gouvernement sur les amendements qu'il soutiendra, dont certains apportent des "garanties" sur l'unité sociale et économique de la future SNCF.
Au premier jour de l'examen du texte, des manifestations se sont ajoutées à la grève dans plusieurs villes. Des cheminots ont brièvement bloqué des voies à la gare Montparnasse à Paris et à l'entrée de Nîmes. A Lyon, entre 200 et 300 d'entre eux ont investi le siège de France 3 Rhône-Alpes à Lyon pour obtenir un débat télévisé avec Frédéric Cuvillier.
Le taux global de grévistes s'est maintenu mardi à 14,1% pour l'ensemble du personnel, presque deux fois moins que le premier jour du mouvement mercredi dernier. La SNCF dit observer "une décroissance" du mouvement "chez les conducteurs et contrôleurs", où le mouvement est le plus fortement suivi depuis le début.
Selon les prévisions de la SNCF, l'amélioration devait "se poursuivre fortement" mercredi, avec en moyenne sept trains sur dix sur les grandes lignes. Dans une première région, la Bretagne, il redeviendra normal.