L'Arabie saoudite a annoncé mardi le maintien du service messagerie du BlackBerry et la poursuite de la discussion sur le cadre réglementaire lui permettant de surveiller le contenu des échanges sur ce téléphone multimédia ultra sécurisé.
"Au regard des progrès réalisés par les fournisseurs concernant les critères réglementaires, il a été décidé de les autoriser à continuer d'assurer le service messagerie du BlackBerry", a indiqué le régulateur saoudien des télécommunications, la Commission de la technologie des communications et de l'information (CITC), dans un communiqué.
Cet organisme a également indiqué qu'il "continue de travailler avec ces fournisseurs pour parachever la réglementation" sur l'utilisation de ce téléphone crypté.
La décision a été accueillie avec soulagement par les utilisateurs dans un pays qui compte quelque 700.000 abonnés et qui semble inquiet de la possibilité que le BlackBerry soit utilisé pour des activités pouvant menacer sa sécurité.
L'Arabie saoudite, pays de naissance du chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, est toujours en guerre avec les irréductibles de l'organisation qui même s'ils ont reçu des coups durs après les attentats sanglants de 2003-2006 continuent de former des cellules dormantes, selon les spécialistes.
Aucune indication n'a été donnée mardi sur les moyens techniques qui seront mis en oeuvre, alors que les médias avaient évoqué la possibilité d'installer un serveur en Arabie pour permettre aux autorités d'accéder aux données échangées.
Celles-ci passent actuellement par des serveurs installés au Canada avec un système de cryptage hermétique tenant les données secrètes même pour les opérateurs télécoms les acheminant.
La CITC a ajouté qu'elle allait "évaluer et revoir la situation à la lumière des développements et de prendre les mesures qui s'imposent", laissant entendre qu'elle pourrait décider une suspension de la messagerie BlackBerry si elle estime que la réglementation n'est pas appliquée.
L'annonce a été faite au lendemain de l'expiration d'un délai de 48 heures donné par la CITC aux fournisseurs, qui négocient avec le fabricant canadien du BlackBerry Research In Motion (RIM), des modalités permettant de maintenir ce service tout en donnant aux autorités la possibilité d'en surveiller le contenu.
"Certains peuvent faire un mauvais usage du BlackBerry mais ne c'est pas de notre faute", a indiqué à l'AFP l'une des utilisatrices, Sahar Mohammed, 19 ans, étudiante de l'Université roi Abdel Aziz de Jeddah (ouest).
"C'est une bonne décision que celle de maintenir la messagerie", a-t-elle ajouté tandis qu'un autre étudiant, Khaled al-Harithi, 21 ans, s'est dit tout simplement "heureux de pouvoir continuer" à utiliser son téléphone.
"On a joué avec les nerfs des gens pendant trois jours", a regretté Michaal al-Yami, directeur d'une compagnie du secteur privé, qui utilise le BlackBerry pour ses activités professionnelles.
Sur le site de socialisation Facebook, un Saoudien, Thamer Wadaani, s'est félicité de la décision, regrettant cependant le fait que le pays "n'avance qu'en reculant", dans une allusion à la suspension annoncée pour vendredi avant le volte-face de mardi.
"J'avais eu l'impression de mourir", a souligné Anoud Assilane, une Saoudienne, à l'évocation de la façon dont elle a reçu l'annonce de la suspension, confirmant la popularité du BlackBerry parmi les Saoudiens, notamment les jeunes, qui l'utilisent souvent pour briser les barrières de l'interdiction de la mixité rigoureusement appliquée dans le royaume ultraconservateur.
On ignore pour le moment si la solution saoudienne sera suivie par les Emirats arabes unis (500.000 abonnés), qui avaient été les premiers à annoncer le 1er août une suspension de plusieurs services du BlackBerry pour le 11 octobre en disant qu'ils ne respectent pas sa réglementation.