La façon dont les pétroliers répercutent à la pompe les variations du pétrole va être passée au crible par le gouvernement, alors que la remontée du prix des carburants, en pleine période de départs en vacances, fait polémique.
Le ministre de l'Economie François Baroin a annoncé qu'il s'entretiendrait sur cette question dès mardi avec le patron de Total Christophe de Margerie.
"S'il n'est pas anormal que des hausses des cours du pétrole soient répercutées (sur les prix à la pompe, ndlr), le gouvernement restera très vigilant: il n'est pas question que cette répercussion soit plus rapide qu'en cas de baisse", a martelé Bercy dans un communiqué.
Le ministre de l'Energie Eric Besson avait auparavant assuré s'être saisi du problème, indiquant qu'il évoquerait le sujet lui aussi avec M. de Margerie lors d'une rencontre --déjà prévue-- le 19 juillet.
Le patron de Total a jeté le pavé dans la mare samedi, en déclarant que les prix des carburants allaient remonter. "Je me suis engagé vis-à-vis de Bercy à répercuter les prix du pétrole à la pompe", à la baisse mais aussi à la hausse, a-t-il rappelé. "Sans provocation, le problème c'est qu'on va continuer à le faire et donc ça ne va pas faire plaisir."
Ses propos se sont déjà traduits dans les faits: après deux semaines consécutives de recul, les carburants ont regagné environ deux centimes, soit environ la moitié de ce qu'ils avaient perdu, selon le relevé hebdomadaire de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) mis en ligne lundi.
La semaine dernière, le gazole, carburant de loin le plus vendu en France, s'est vendu en moyenne à 1,3061 euro/litre, le super sans plomb 95 à 1,4844 euro/litre et le sans plomb 98 à 1,5224 euro/litre, selon la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC).
Les effets de la décision des membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dont la France, de puiser fin juin dans leurs stocks stratégiques pour alimenter le marché et faire redescendre les cours du brut auront été de courte durée.
Le gouvernement avait alors demandé aux pétroliers de répercuter la baisse des cours sur les prix à la pompe, ce qui s'est traduit par une diminution de quelques centimes fin juin-début juillet.
Mais les cours de l'or noir sont depuis remontés et la perspective d'un rapide redressement du prix des carburants a déclenché une bronca dans les rangs politiques, en pleine période de départs en vacances.
Le ministre du Travail Xavier Bertrand est monté au créneau dimanche pour exiger "une transparence totale" des pétroliers. "Quand le pétrole augmente, les prix augmentent aussitôt. Quand le pétrole baisse, ça met toujours plus de temps", a-t-il déploré.
"Dire que l'évolution des prix est plus rapide dans un sens que dans l'autre n'est pas juste", lui a répondu le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), Jean-Louis Schilansky.
La polémique a été alimentée lundi dans les rangs de la gauche.
"Ce qui est inadmissible aujourd'hui, c'est cette espèce d'inaction devant un vrai scandale: Total a fait 10 milliards d'euros de bénéfices (en 2010, NDLR) et lorsque le prix du brut baisse à la production, cette baisse n'est pas répercutée pour le consommateur", a déclaré la socialiste Ségolène Royal sur BFM-TV et RMC.
Autre candidat à la primaire du PS pour la présidentielle, François Hollande a appelé à Marseille à "une stabilité du prix" de l'essence pendant l'été.
Enfin, Benoît Hamon, porte-parole du PS, a assuré que si la gauche arrivait au pouvoir en 2012, "l'impunité des compagnies pétrolières" serait "finie".
Début mai, les prix du SP 95 et du SP 98 avaient battu plusieurs records successifs, après avoir été soutenus pendant plusieurs mois par la flambée des cours de l'or noir, elle-même entraînée par une forte demande et les troubles politiques au Moyen-Orient.