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L'Espagne se résout sous pression à une rude cure d'austérité

Publié le 12/05/2010 14:35
Mis à jour le 12/05/2010 18:45

Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé mercredi de dures mesures d'austérité sous la pression des marchés, de l'UE et de Barack Obama, dont une baisse des salaires des fonctionnaires, pour tenter de restaurer la crédibilité financière du pays.

La semaine dernière encore, au coeur de la tempête boursière qui s'abattait sur l'Espagne, il avait écarté toute mesure additionnelle à son plan d'austérité de 50 milliards d'euros pour ramener les déficits publics de 11,2% du PIB en 2009 à 3% en 2013.

Mais l'Espagne, 4e économie de la zone euro, dont elle est devenue un maillon faible, a dû céder dimanche à la pression des pays de la zone euro qui ont approuvé un plan massif de 750 milliards pour défendre la monnaie unique.

M. Zapatero a détaillé mercredi au parlement une accélération douloureuse de la réduction des dépenses publiques, de 15 milliards en 2010 et 2011, qui ne modifie pas le cap global qu'il s'est fixé pour 2013.

La Commission européenne a prudemment salué des mesures qui vont "dans la bonne direction". Le gouvernement français s'est félicité de "mesures tout à fait courageuses".

M. Zapatero a notamment annoncé une baisse moyenne des salaires des fonctionnaires de 5% à partir de juin et leur gel en 2011, la suppression de la revalorisation automatique de retraites et la fin d'une prime à la naissance.

Outre la pression des partenaires européens, M. Zapatero a été pressé d'agir fermement par le président américain Barack Obama qui l'a appelé mardi.

Selon le quotidien espagnol Expansion, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a également appelé M. Zapatero.

Le chef des conservateurs espagnols Mariano Rajoy a durement critiqué l'"improvisation" de M. Zapatero, l'accusant d'avoir, par ses tergiversations, fait de l'Espagne un "pays sous protectorat". Les partenaires européens "ont imposé des devoirs, dicté les chiffres et fixé les délais", a-t-il lancé.

Le chef du gouvernement s'était jusqu'ici bien gardé de risquer de briser la paix sociale qui règne en Espagne, malgré un chômage de 20% de la population active.

Les grands syndicats, UGT et CCOO, qui n'ont pas pour habitude de contester durement le pouvoir socialiste, ont timidement réagi, se contentant d'évoquer de probables mobilisations.

Avec ces mesures, M. Zapatero a mangé son chapeau à plus d'un titre.

Au plus fort des attaques spéculatives contre l'Espagne la semaine dernière, il avait soutenu mordicus qu'il n'adopterait pas de mesures d'austérité supplémentaires pour ne pas entraver la timide reprise économique (+0,1% du PIB au 1er trimestre) après une profonde récession entamée fin 2008.

M. Zapatero a également reconnu mercredi que "la croissance pour l'année à venir serait inférieure de quelques décimales" à la prévision officielle de 1,8%, jugée de optimiste par beaucoup d'analystes.

Il a aussi dû se résoudre à réduire l'aide au développement, alors qu'il se targuait de faire de l'Espagne l'un des premiers pays riches à atteindre les Objectifs du millénaire en y consacrant au moins 0,7% du PIB.

M. Zapatero s'est défendu d'improviser, affirmant que nul ne pouvait prédire la panique qui s'est emparée des marchés la semaine dernière.

L'Espagne s'était brutalement retrouvée sous le feu d'investisseurs semblant craindre qu'elle ne prenne le même chemin que la Grèce, sauvée de la banqueroute par l'UE et le FMI.

Les annonces de M. Zapatero n'ont pas entraîné de fortes variations à la Bourse de Madrid. L'indice Ibex-35 a terminé sur une hausse modeste, au niveau européen, de 0,81%.

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