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Espagne: Mariano Rajoy arrive au pouvoir, avec l'économie comme priorité

Publié le 21/12/2011 16:15

Mariano Rajoy, nouveau chef du gouvernement espagnol de droite, a pris ses fonctions mercredi, nommant un ancien de la banque Lehman Brothers comme ministre de l'Economie, afin de mener un programme d'austérité et de réformes destiné avant tout à rassurer les marchés.

M. Rajoy, qui a prêté serment dans la matinée devant le roi Juan Carlos, a levé quelques heures plus tard le voile sur la composition de son équipe.

Il a fait un choix très symbolique pour le poste-clé, celui des Finances: secrétaire d'Etat à l'Economie de 2002 à 2004, Luis de Guindos, 51 ans, avait présidé Lehman Brothers, pour la zone Espagne et Portugal, de 2006 à 2008.

C'est justement la faillite de cette banque d'affaires américaine, en septembre 2008, qui a précipité la crise financière mondiale, dont l'Espagne, qui est aussi fragilisée depuis l'éclatement de sa bulle immobilière, peine encore à se sortir.

L'identité du ministre de l'Economie était particulièrement attendue, surtout par les investisseurs, toujours fébriles en pleine crise de la dette en zone euro et sceptiques face à la santé financière du pays.

M. de Guindos aura la lourde tâche d'allier rigueur et travail de réformes, alors que l'Espagne retombera probablement en récession début 2012 et souffre d'un taux de chômage record.

"Rajoy a lancé un message clair et transparent: de l'austérité et des réformes pour se défendre au sein de l'euro", déclarait-il fin novembre lors d'un colloque économique organisé à Madrid.

Et la potion risque d'être amère: dans son discours d'investiture devant le Parlement lundi, Mariano Rajoy, 56 ans, a annoncé de nouvelles réductions budgétaires pour 2012 dans le secteur public, de 16,5 milliards d'euros au moins, pour tenter de contenir le déficit du pays.

Les Espagnols vivent déjà au rythme des cures d'austérité depuis bientôt deux ans.

Après un premier programme d'économies de 50 milliards d'euros dévoilé en janvier 2010 par le gouvernement socialiste, une nouvelle coupe de 15 milliards avait suivi, avec des mesures symboliques fortes, comme la baisse de 5% des salaires des fonctionnaires ou la fin de certaines aides, comme le "chèque-bébé" de 2.500 euros pour les nouveaux parents.

Mais cela ne semble toujours pas suffire, alors que le pays, privé de son moteur économique, la construction, ne croît plus.

L'objectif d'une réduction du déficit à 6% du PIB en 2011 (après 9,3% en 2010), pourtant considéré comme prioritaire par le gouvernement, pourrait ainsi ne pas être atteint, a prévenu M. Rajoy, qui prévoit 10 milliards d'économies supplémentaires si le déficit est finalement de 7%.

Dès le 30 décembre, un Conseil des ministres approuvera de premières mesures d'urgence.

Parmi ses premiers chantiers, le gouvernement de droite fera voter en janvier une loi de stabilité budgétaire, pour fixer des limites chiffrées, à partir de 2020, à la dette publique (60% du PIB) et au déficit structurel (0,40% du PIB).

Mariano Rajoy mènera aussi au premier trimestre "une modernisation de la législation du travail" pour faire face à la plus grande faiblesse de l'économie espagnole: le taux de chômage de 21,52%, un record parmi les pays industrialisés.

"Je sais que les choses ne sont pas faciles, qu'elles vont être difficiles mais j'ai l'envie et la détermination de faire avancer l'Espagne", avait dit mardi M. Rajoy, prévenant que le gouvernement "fait ce qu'il peut mais il est évident qu'il ne peut absolument pas tout".

"Je jure de remplir fidèlement les obligations de la charge de président du gouvernement avec loyauté envers le Roi", a-t-il déclaré mercredi matin, une main posée sur la Constitution et l'autre sur la Bible, un mois après la large victoire électorale du Parti populaire (PP), qui lui a donné la majorité absolue au Parlement.

Son gouvernement, réduit à 13 ministres, sera opérationnel jeudi.

Bras droit de Mariano Rajoy pendant toute sa campagne, Soraya Saenz de Santamaria, 40 ans, devient, sans surprise, numéro deux et porte-parole du gouvernement.

Jorge Fernandez Diaz, 61 ans, qui a été plusieurs fois secrétaire d'Etat dans le gouvernement de José Maria Aznar (1996-2004), a été nommé ministre de l'Intérieur, tandis que José Manuel Garcia-Margallo, député européen de 67 ans, sera chargé des Affaires étrangères.

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