Le ministre délégué aux Transports et à l'Economie maritime Frédéric Cuvillier s'est dit opposé à "tout plan prévoyant des départs non volontaires" chez Air France et invité la compagnie à ne pas utiliser les salariés comme variable d'ajustement se substituant à une véritable stratégie.
"Air France est dans une situation délicate. Le projet, qui comprend (notamment) la diminution de deux milliards de l'endettement, doit se faire à partir d'une stratégie d'entreprise, et pas simplement avec le social comme variable d'ajustement", a expliqué M. Cuvillier lors d'un entretien vendredi à l'AFP.
Le ministre, qui a rencontré jeudi le PDG d'Air France Alexandre de Juniac, lui a indiqué "qu'il serait particulièrement attentif tout au long des mois à venir à ce que la compagnie (...) puisse se donner les moyens de son redressement, en écartant tout plan prévoyant des départs non volontaires", avait-il indiqué précédemment dans un communiqué envoyé dans la nuit de jeudi à vendredi.
M. Cuvillier a déclaré à l'AFP qu'il allait "suivre l'évolution de la compagnie et s'assurer qu'on reste bien dans le cadre fixé par ces négociations".
Il a néanmoins souligné qu'il ne se substituerait pas aux discussions. "L'Etat est actionnaire d'Air France à 15%. Les discussions doivent être internes à l'entreprise, elles doivent être fournies, régulières et en confiance avec des objectifs clairs. Et, c'est globalement le climat que j'ai cru déceler", a-t-il souligné.
Il a ajouté qu'il avait tenu à rencontrer le PDG Alexandre de Juniac, un peu plus tôt que prévu compte tenu des informations de presse faisant état de 5.000 personnes concernées par un plan de départ, qui ont été démenties par la direction.
"M. de Juniac m'a indiqué combien il y avait des discussions avec les partenaires sociaux. Je souhaitais savoir dans quelle mesure, chacun était associé et respecté dans cette démarche", a-t-il expliqué.
Condamnée à réduire ses coûts et à gagner en productivité, Air France a reconnu jeudi être confrontée à un "sureffectif" et a annoncé une réduction de sa flotte, parallèlement à une montée en puissance de sa filiale à bas coûts Transavia.
Engagée depuis janvier dans un plan d'économies de deux milliards d'euros à l'horizon 2015, dont les mesures structurelles doivent être arrêtées le mois prochain pour une mise en oeuvre dès l'été, la compagnie a renvoyé à la deuxième quinzaine de juin le chiffrage de son sureffectif.
Alexandre de Juniac a ainsi redit devant la presse sa volonté d'"éviter des départs contraints". Il a toutefois agité le spectre d'un raté des négociations avec les syndicats qui aurait pour conséquence, selon lui, "un impact encore plus fort sur l'emploi".
M. Cuvillier, qui a pris "acte de l'engagement de la compagnie de ne pas prévoir de départs contraints", précise dans son communiqué qu'il a demandé à ce "qu'une information complète de l'évolution de la situation d'Air France et de ses salariés soit donnée par l'entreprise au gouvernement".