L'avion de transport militaire européen A400M, à peine l'avenir de son programme assuré par un accord financier entre les Etats clients et le groupe EADS, a fait son entrée mardi en France, en se posant pour la première fois à Toulouse en provenance de l'usine d'assemblage de Séville (Espagne).
Pour son dixième vol, le "MSN1", le premier avion d'essai, s'est posé mardi à 15H45 sur les pistes d'Airbus à Toulouse-Blagnac, où il doit poursuivre sa campagne d'essais.
"C'est un jour de fierté pour nous d'accueillir cet avion qui va être testé ici", a déclaré Tom Enders, président d'Airbus à l'arrivée de l'énorme quadrimoteur.
"La bataille est finie: vendredi dernier nous avons eu un accord, nous sommes reconnaissants aux gouvernements d'avoir fait une contribution très substantielle de 3,5 milliards d'euros (...) nous avons maintenant de très bonnes bases pour continuer le programme", a ajouté le patron d'Airbus.
Après des mois de tractations houleuses dues au retard de quatre ans du programme, et à un surcoût de plus de 5 milliards d'euros, les sept pays membres (Allemagne, France, Espagne, Grande-Bretagne, Belgique, Luxembourg et Turquie) ont accepté de payer 3,5 milliards d'euros supplémentaires.
De son côté, EADS a dû provisionner 1,8 milliard d'euros dans ses comptes 2009, une perte qui a plongé dans le rouge les résultats globaux du groupe annoncés mardi matin (763 millions d'euros de perte nette). Le groupe avait déjà dû provisionner 2,4 milliards d'euros dans le passé.
Assemblé chez Airbus Military à Séville, l'A400 M a réalisé son premier vol le 11 décembre 2009 et a commencé en Espagne sa campagne d'essais. Au cours des 39 heures de vol, il a déjà atteint sa vitesse maximale de 555 km/h.
La campagne devrait totaliser 3.700 heures de vol au total, avec cinq avions d'essais avant la mise en service prévue en 2013.
L'avion qui s'est posé mardi à Toulouse, devant plusieurs centaines d'ouvriers d'Airbus, est équipé d'installations d'essais lourdes et sera rejoint par deux autres appareils, tandis que les deux derniers exemplaires resteront basés à Séville.
Le deuxième appareil de la flotte d'essais devrait faire son premier vol dans les prochaines semaines, le troisième en milieu d'année et le quatrième au deuxième semestre 2010, a précisé Airbus. Le dernier appareil d'essais, "le premier construit selon les normes de production, sera équipé uniquement d'installations légères", a ajouté Airbus.
Les 7 pays membres de l'OTAN à l'origine du programme avaient passé en 2003 une commande initiale de 180 appareils pour un montant total de 20 milliards d'euros.
L'A400M a ensuite engrangé une commande de 4 appareils de la Malaisie et de 8 exemplaires de l'Afrique du sud, mais cette dernière a été annulée en novembre 2009 en raison des retards accumulés.
Les promoteurs du programme misent toutefois sur 300 exportations dans les 20 prochaines années.