Carlos Ghosn, à la tête de Renault depuis avril 2005, devait solliciter aujourd'hui devant l'assemblée générale des actionnaires le renouvellement de son mandat, dans un contexte économique difficile pour le constructeur avec la fin progressive des primes à la casse cette année.
M. Ghosn, administrateur depuis 2002, a pris la direction opérationnelle du groupe en 2005 et en est devenu PDG l'an dernier, tout en conservant la direction de Nissan, le partenaire japonais de Renault.
Formellement, le mandat d'administrateur de M. Ghosn devrait être reconduit pour quatre ans par l'assemblée générale, puis le nouveau conseil d'administration qui se réunira à la suite devrait le reconduire comme PDG.
Le dirigeant d'origine libanaise, arrivé chez Renault auréolé du succès de redressement de Nissan et fort d'une réputation de "cost killer" (réducteur de coûts), va devoir à présent gérer la disparition progressive des aides publiques d'Etat en Europe, son principal marché.
La prime à la casse a encore soutenu les ventes du groupe au premier trimestre. Son chiffre d'affaires a ainsi bondi de 28,4% à 9,072 milliards euros. Mais cet effet devrait s'estomper dès le deuxième trimestre et Renault se montre prudent pour le reste de l'année. Le constructeur a redit mardi s'attendre "à des conditions toujours difficiles en 2010 et un marché européen qui pourrait baisser de 10% par rapport au marché toutes marques de 2009".
Renault fait partie des groupes automobiles les plus durement touchés par la crise, avec une perte nette de 3,1 milliards d'euros en 2009, due cependant pour moitié à ses participations dans les entreprises associées comme le japonais Nissan ou le constructeur suédois de poids lourds Volvo.
Résultat, pour la deuxième année consécutive, le constructeur ne devrait pas verser de dividende à ses actionnaires. Quant à la valeur de l'action Renault, elle a certes quasiment doublé l'an dernier, mais elle avait été divisée par plus de cinq en 2008.
L'assemblée générale devrait aussi être l'occasion d'évoquer l'alliance de Renault-Nissan avec l'allemand Daimler, qui vient d'être conclue. Cette coopération stratégique se traduira dans un premier temps par une plate-forme commune pour les petits véhicules des deux constructeurs (Smart et Twingo).
Une coopération dans les voitures électriques pourrait suivre, alors que Renault a fait du véhicule électrique un axe stratégique. Le constructeur automobile français lancera en 2011 ses deux premiers modèles: l'utilitaire Kangoo Express et la berline moyenne Fluence, avant l'arrivée en 2012 de deux nouveaux véhicules de sa gamme électrique.
Lors de la récente AG du constructeur allemand, certains actionnaires de Daimler s'étaient pour leur part montré sceptiques sur le bien-fondé de ce rapprochement, qui risquerait, selon eux, de ternir l'image de la marque à l'étoile.
Pendant l'AG, devrait également être entérinée l'entrée de deux nouveaux représentants de l'Etat au conseil d'administration, conséquence du bras de fer qui avait opposé le gouvernement au groupe automobile concernant la production de sa future Clio.
L'idée que la dernière version de la voiture puisse être entièrement fabriquée en Turquie avait provoqué un tollé en France et avait valu à M. Ghosn une convocation à l'Elysée.