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La Grèce menacée par le coût de l'emprunt, malgré le soutien de l'UE

Publié le 04/04/2010 09:55
Mis à jour le 04/04/2010 15:45

La capacité de la Grèce à émerger de la crise apparaît menacée par les taux élevés que ce pays surendetté a encore dû consentir cette semaine pour se refinancer, en dépit du plan de soutien décidé par ses partenaires de la zone euro.

Revenu sur les marchés lundi avec une émission obligataire sur 7 ans, le pays a levé 5 milliards d'euros mais sans faire décoller la demande, limitée à 7 milliards d'euros, et en consentant des taux d'intérêt de 5,9%.

"Il est clair que la Grèce ne peut supporter longtemps d'emprunter à 6%", a ainsi relevé pour l'AFP Georges Pagoulatos, professeur à la Faculté économique d'Athènes. Mais selon lui, "la situation commence à se détendre, il faut désormais laisser du temps au temps".

Le dispositif d'aide adopté en fin de semaine dernière par l'Union européenne visait pourtant à permettre au pays de se refinancer à un coût moins prohibitif que celui généré par des taux supérieurs à 6% consentis lors de ses précédentes émissions obligataires, en janvier et début mars.

L'écart (spread) entre le rendement des obligations grecques et celui des obligations allemandes, lesquelles font référence pour toute l'Europe, continuait à caracoler jeudi à plus de 342 points pour les obligations à dix ans, après avoir grimpé à 336 points mardi contre 321 la veille. En clair, Athènes doit payer deux fois plus cher que Berlin pour emprunter de l'argent sur les marchés.

Dans un entretien au quotidien grec Imerissia, le ministre des Finances Georges Papaconstantinou a pourtant jugé que le soutien européen constituait, comme le réclamait Athènes, "une +menace crédible+ (...) face à ceux qui exploitent la difficile position du pays en haussant le coût de l'emprunt".

"Notre objectif est ne jamais avoir besoin d'activer" ce dispositif, qui prévoit des prêts européens et du Fonds monétaire international (FMI), a-t-il ajouté, fixant comme cap la stricte application du plan de redressement, suivie à la loupe par Bruxelles.

"Si l'argent que nous économisons en coupant dans les dépenses et en augmentant les recettes fiscales va au paiement des intérêts, il est clair que le pays ne pourra pas redresser ses finances", a toutefois mis en garde sur la télé Méga son secrétaire d'Etat, Philippos Sachinidis.

Pour servir sa dette cette année, le pays pourrait avoir à payer jusqu'à 13 milliards d'euros de surcoût par rapport aux conditions d'emprunt prévalant jusqu'en 2008, selon l'agence financière Bloomberg.

Le risque est d'ôter toute efficacité à la rigoureuse cure d'austérité, censée faire économiser au pays 16 milliards d'euros cette année. D'autant que l'économie grecque devrait s'enfoncer dans la récession en 2010, avec selon la banque de Grèce une contraction du PIB de 2% pour la deuxième année consécutive.

Avant de subir la sanction des marchés face à la dérive de sa dette, à 300 milliards d'euros, et de son déficit, à 12,7% du PIB, la Grèce empruntait en 2008 à des taux entre 4% et 4,60%.

D'ici la fin de l'année, elle doit encore lever 32,5 milliards d'euros pour mener à bien son programme d'emprunt, d'un total de 54 milliards, selon Petros Christodoulou, directeur général de l'Organisme de gestion de la dette publique.

"Il y a un gros problème de liquiditéq sur l'obligation grecque, ce qui entraîne une forte volatilité des rendements mais on s'attend à ce que cela s'améliore d'ici fin 2010", a commenté de son côté Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.

"Nous n'avions pas l'illusion que les taux allaient chuter du jour au lendemain (...) les marchés ont leurs règles", a déclaré de son côté le porte-parole du gouvernement, Georges Pétalotis, prônant la patience.

La Grèce aura l'occasion de tester à nouveau l'humeur de ses créditeurs d'ici fin mai, avec une émission obligataire en dollars d'un montant prévu de 11,5 milliards d'euros, selon M. Christodoulou.

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