Un comité central d'entreprise se tenait jeudi au siège de PSA Peugeot Citroën, sur fond de tensions après l'annonce fin octobre de la suppression de 1.900 postes en 2012 qui touche l'ensemble des sites, mais plus particulièrement Sochaux, Aulnay et Rennes.
Le détail des suppressions de postes était attendu à la suite de l'annonce fin octobre, puis mi-novembre, d'un plan d'économies pour 2012 visant à supprimer 6.000 postes en Europe, dont 4.300 en France. Il devait être à l'ordre du jour du CCE, avant d'être reporté au CCE extraordinaire fixé au 20 décembre.
Sur ces 4.300 postes, 1.900 sont dans l'effectif permanent et 2.400 sont chez des prestataires extérieurs (recherche ou informatique). Quelque 800 intérimaires doivent aussi être remerciés d'ici fin 2011 en France.
Sur les sites de production, 1.019 postes vont être supprimés dont 223 à Sochaux, 147 à Rennes, 140 à Aulnay (Seine-Saint-Denis), 110 à Mulhouse, 80 à Poissy, selon un document de la direction, qui sera présenté le 20 et dont l'AFP a obtenu une copie.
Concernant la recherche et le développement, sur un total de 495 suppressions de postes, 139 concernent Vélizy/Meudon (région parisienne), 124 Sochaux, 79 Rennes et 56 Aulnay.
Par ailleurs, le groupe prévoit des coupes à hauteur de 400 postes dans d'autres directions (marketing, DRH, etc.), principalement à Paris et 170 à Poissy (Yvelines).
"La situation est gravissime", notamment pour "des dizaines de milliers de prestataires", a déclaré Jean-Alland Gillet, délégué syndical CFDT qui organisait un point presse dans la matinée devant le siège du constructeur à Paris. "Entre suppression, redéploiement et mutation, on ne sait pas tirer le fil de l'écheveau".
Par ailleurs selon des syndicats, des projets de création de société en nom collectif (SNC) devaient être présentés jeudi après-midi lors du CCE, la direction de son côté indiquant que seul "un projet" de SNC visant un immeuble parisien sera discuté.
"PSA vend ses bijoux de famille pour avoir du cash et, c'est imminent, va louer son siège, c'est un symbole", a déploré Xavier Lelasseux (CFDT).
La CGT appelle à la grève et à un rassemblement devant le site d'Aulnay jeudi après-midi au cours duquel sera lue une lettre, cosignée par tous les syndicats Aulnay, et qui sera adressée à Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Les syndicats exigent des garanties écrites sur l'avenir du site au-delà de 2014 et demandent au président de la République "d'intervenir pour que puisse se tenir une réunion tripartite Etat-PSA-syndicats dans le but d'aboutir à un accord, garanti par l'Etat, assurant le maintien de tous les emplois sur le site d'Aulnay, au moins jusqu'en 2016", date prévue de la fin de la fabrication de la C3, dit le courrier signé par les syndicats SIA, CGT, FO, CFTC, SUD, CFDT et CFE-CGC.
Le groupe a indiqué à plusieurs reprises que la fermeture d'Aulnay n'était "pas d'actualité" et que la C3 y serait produite jusqu'en 2014. Mais la chute de la production, divisée de moitié depuis 2004, préoccupe les organisations syndicales.
Mercredi, le président du directoire, Philippe Varin, qui évoque régulièrement un problème de compétitivité sur les petits modèles, a indiqué que la division automobile du groupe PSA Peugeot Citroën devrait enregistrer une "perte significative" au second semestre 2011.
Interrogée sur les suppressions de postes, la CGT a estimé que "proportionnellement, Aulnay est le plus touché avec 200 postes sur 3.400", (contre 340 à Sochaux sur un total de 14.000 salariés).
Pour la CGT, ce plan de fermeture du site "n'a aucune justification", d'autant moins que Philippe Varin a rappelé en septembre dernier que PSA disposait de plus de 11 milliards d'euros de trésorerie.