L'économie de la zone euro devrait être "sans croissance" cette année et la crise qu'elle connaît "demeure la plus importante source de risques pour l'économie mondiale", a estimé mardi l'OCDE, qui se montre toutefois plus optimiste en ce qui concerne les Etats-Unis.
L'Organisation de coopération et de développement économiques prévoit un léger recul de 0,1% de l'activité économique de la zone euro, alors qu'elle espérait encore une timide progression de 0,2% en novembre, selon ses prévisions semestrielles publiées mardi. Elle maintient néanmoins sa prévision de croissance mondiale en 2012 à 3,4%.
"Après s'être quelque peu apaisée à la fin de l'année dernière, la crise dans la zone euro s'est aggravée récemment et demeure la plus importante source de risques pour l'économie mondiale", a déclaré l'économiste en chef de l'organisation, Pier Carlo Padoan. Du coup, l'Organisation renouvelle sa suggestion d'une baisse des taux en Europe afin de soutenir l'activité. Le taux directeur de la Banque centrale européenne, qui sert de référence pour les autres taux d'intérêt, est déjà au plus bas à 1%.
Il faut frapper fort, très fort", a suggéré le secrétaire général de l'OCDE, le Mexicain Angel Gurria, lors d'une conférence de presse, appelant les Européens à mettre les moyens nécessaires, et même au-delà, pour résoudre la crise. "Si les marchés réclament 50 milliards, mettez 100 milliards", a-t-il lancé, appelé à avoir recours à une "puissance de feu surdimensionnée".
L'OCDE juge néanmoins qu'en 2013 la croissance devrait reprendre en zone euro avec un taux d'expansion de 0,9% et s'accélérerait dans le monde à 4,2%.
"L'économie mondiale essaye une fois de plus de retrouver la croissance, aidée par une modeste reprise du commerce et une amélioration de la confiance. Elle le fait néanmoins à des rythmes différents, les Etats-Unis et le Japon bénéficiant d'une croissance plus robuste que dans la zone euro tandis que les grands pays émergents connaissent une reprise cyclique modérée", résume M. Padoan. L'OCDE juge ainsi que la croissance atteindra 2,4% cette année aux Etats-Unis, contre 2,0% estimé en novembre, et 2,6% l'an prochain.
L'économiste en chef souligne les disparités de situation du marché du travail, avec aux Etats-Unis une lente décrue du chômage qui au contraire continue d'augmenter dans la zone euro. L'OCDE prévoit ainsi que le chômage atteindra 8,1% cette année et 7,6% l'an prochain aux Etats-Unis, et respectivement 10,8% et 11,1% en zone euro.
L'économiste en chef déplore une expansion dans les pays "en meilleure santé" de la zone euro "bienvenue mais insuffisante" pour contrebalancer une croissance "plate ou négative" ailleurs. Il suggère donc de procéder à des "ajustements structurels" et "une hausse des salaires" dans les pays jouissant d'excédents afin de "contribuer à un rééquilibrage favorable à la croissance".
L'Allemagne, première économie de cette région, devrait "après un départ en force au début de l'année, voir son activité continuer de croître, portée par une amélioration de la confiance et un renforcement de la demande interne", note le rapport.
Quant à la deuxième économie de la zone euro, la France, l'OCDE a revu en hausse sa prévision de croissance pour cette année, à 0,6%, lui faisant légèrement dépasser celle du nouveau président François Hollande (0,5%).
L'Italie qui, "depuis fin 2011", "a mené des réformes structurelles significatives" devrait connaître de son côté une contraction de son Produit intérieur brut (PIB) de 1,7% cette année et de 0,4% l'an prochain avec des taux de chômage de respectivement 9,4% et 9,9%.
L'Espagne aussi devrait réduire son activité sur les deux prochaines années avec des baisses de 1,6% puis 0,8%. L'OCDE prévoit un taux de chômage supérieur à 25% en 2013.
"Les récents événements ont encore accru les risques", lance M. Padoan, estimant que les dernières élections dans un certain nombre de pays de la zone euro laissent voir "une lassitude croissante envers les réformes" et révèlent que la tolérance envers les ajustements budgétaires pourrait être en train d'atteindre ses limites".