La renonciation d'Henri Proglio à sa double rémunération apporte un répit au gouvernement avant le grand rendez-vous télévisuel de Nicolas Sarkozy lundi, sans éteindre la polémique sur sa double casquette, alimentée par une opposition pugnace.
La déclaration de François Fillon jeudi soir saluant une décision "sage", avait tout du "ouf" de soulagement.
Le président de la République affirme lui-même vendredi soir qu'il "approuve" la décision de M. Proglio. Il confirme aussi implicitement qu'il s'était entretenu avec lui avant l'annonce de sa décision: "il était avec moi à La Réunion".
La double présidence - et jusque-là, le double salaire - de celui qui reste le patron de Veolia Environnement après avoir pris en novembre la tête d'EDF, n'en finissait pas de susciter l'embarras du gouvernement.
Accusée de "mensonge" par le Parti socialiste pour avoir assuré dans un premier temps qu'il n'y aurait pas de double rétribution, avant de se résoudre à la justifier, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a elle aussi finalement considéré qu'Henri Proglio avait pris "la bonne décision".
Même tonalité chez le patron de l'UMP Xavier Bertrand, qui a loué le choix "très responsable" du PDG du géant français de l'électricité.
Pourtant, jeudi encore, les membres du gouvernement étaient invités à monter au créneau pour défendre les deux millions d'euros de salaires annuels (1,6 millions au titre d'EDF, 450.000 comme patron de Veolia) qui allaient être versés à M. Proglio, contre l'avis d'une grosse partie de leur majorité.
"C'est le prix de la rémunération de grands dirigeants de grande qualité dans notre pays", justifiait le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.
Cette montée au front de ministres sur une question très débattue au sein de leur camp rappelait à beaucoup la polémique autour du projet d'élection de Jean Sarkozy, fils cadet du chef de l'Etat, à la tête du quartier d'affaires de la Défense, finalement abandonné après des jours de tollé.
Le gouvernement avait tout à craindre, moins de deux mois avant les régionales, d'un sujet - les très hauts salaires - rendu encore plus sensible par la crise économique "alors même que ce gouvernement prétend mener une opération de moralisation du capitalisme", faisaient observer les sénateurs communistes.
L'affaire menaçait aussi de dominer, lundi soir, l'émission spéciale sur TF1 autour de Nicolas Sarkozy, à l'occasion de laquelle le chef de l'Etat dialoguera avec une dizaine de Français.
L'opposition n'a toutefois pas fini d'agiter la controverse.
"Si on veut revenir à un peu de morale dans cette affaire, la seule décision qui s'impose à M. Proglio, c'est qu'il démissionne de la présidence de Veolia", a affirmé le porte-parole du PS Benoît Hamon lors d'un point de presse convoqué par le parti spécialement sur cette affaire.
Même discours au MoDem, dont la vice-présidente Marielle de Sarnez réclame que le patron d'EDF renonce "à conserver une responsabilité avec les avantages qui lui sont afférents à Veolia".
"C'est bien que le peuple ait rappelé au pouvoir son indécence", s'est félicitée la vice-présidente du FN Marine Le Pen.
Même parmi les alliés du parti au pouvoir, il se trouve des élus pour regretter la double casquette, comme le président (Nouveau Centre) de la commission des Finances du Sénat, Jean Arthuis, qui s'est plaint d'un "déficit de doctrine claire pour la gouvernance des entreprises publiques".