Le président de la Commission européenne a dû monter au créneau mardi pour défendre la place de la Grèce dans la zone euro, alors que des voix s'élèvent en faveur d'une sortie du pays de l'Union monétaire.
"Nous voulons que la Grèce reste dans l'euro", a déclaré José Manuel Barroso lors d'une conférence de presse, au côté du Français Jacques Delors qui fut aussi président de la Commission européenne de 1985 à 1994.
M. Barroso a souligné que "les coûts d'une sortie de la Grèce de l'euro seraient plus élevés que les coûts pour continuer à soutenir la Grèce".
Les propos de M. Barroso surviennent alors que la réunion prévue mardi soir entre le Premier ministre grec Lucas Papademos et les dirigeants politiques soutenant l'exécutif pour avaliser les réformes voulues par l'UE et le FMI a été renvoyée à mercredi.
Avant le nouveau rendez-vous, "probablement à la mi-journée", M. Papademos doit encore finaliser avec la troïka des créanciers publics le texte définitif reprenant les grandes lignes des mesures sur lesquelles devront s'engager les dirigeants du parti socialiste, Georges Papandréou, du parti conservateur, Antonis Samaras, et de la formation d'extrême droite, Georges Karatzaferis, a indiqué une source au cabinet de M. Papademos.
Ce nouveau report, alors que la réunion de M. Papademos avec le trio politique était prévue lundi, "ne signale pas de blocage, rien de dramatique n'est intervenu, simplement une série de points très techniques à boucler qui a pris plus de temps que prévu", a ajouté cette source.
Dans le contexte tendu autour de l'avenir de la Grèce, l'intervention de M. Barroso ont fait figure de mise au point après ceux de la commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, la Néerlandaise Neelie Kroes, dans une interview publiée mardi par le quotidien néerlandais De Volkskrant.
Il n'y aura "absolument pas mort d'homme si quelqu'un quitte la zone euro", y affirme-t-elle.
"On répète toujours que si on laisse un pays partir ou qu'on lui demande de partir, l'ensemble de la structure s'effondre. Mais cela n'est pas vrai", insiste Mme Kroes qui souligne toutefois ne pas être "partisane" d'une telle solution.
Le débat sur l'opportunité de laisser la Grèce quitter la zone euro revient à intervalle régulier ces derniers mois. Aux Pays-Bas, pays partisan de la plus grande discipline budgétaire, cette option n'est plus totalement écartée.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s'est ainsi dit mardi "d'accord" avec Mme Kroes. Si la Grèce venait à abandonner la monnaie unique, cela comporterait "moins de risques" de contagion de la crise de la dette au sein de la zone euro qu'auparavant, selon lui.
"Il y a moins de risques", a déclaré M. Rutte à la radio publique néerlandaise: "c'est dans notre intérêt que la Grèce reste et, pour cela, elle doit prendre toutes les mesures qu'elle nous a promises (...) mais, si cela ne devait pas fonctionner, nous sommes plus forts maintenant qu'il y a un an et demi", grâce à la recapitalisation des banques et à la mise en place du pare-feu européen.
Son ministre des Finances, Jan Kees de Jager, a exprimé le même point de vue sur la chaîne de télévision privée RTL Z. "Si quelque chose devait mal se passer avec leur pays (la Grèce), nous avons créé depuis un an et demi un environnement dans lequel le risque pour le contribuable est moins grand", a-t-il souligné.
L'éventualité d'une sortie de la Grèce de la zone euro a également été évoquée par la commissaire européenne à la Pêche, la Grecque Maria Damanaki, dans un entretien avec l'édition dominical du quotidien grec To Vima.
Interrogée sur les scénarios sur la question, elle a souligné qu'il ne s'agissait "pas de simples scénarios mais de plans alternatifs" qui, toutefois, "ne sont pas préférables en ce moment".
En Allemagne, certains économistes ont plaidé ouvertement pour une telle solution ces derniers mois. Et, selon des diplomates à Bruxelles, le gouvernement allemand est divisé sur la question. Si la chancelière allemande Angela Merkel est clairement opposée à une sortie de la Grèce, son ministre des Finances Wolfgang Schäuble est moins catégorique sur le sujet, estiment-ils.
Ce débat survient à un moment critique pour la Grèce, confrontée à une impatience grandissante de ses créanciers publics face à la lenteur des réformes promises. Le Premier ministre grec Lucas Papademos devait reprendre mardi soir les négociations avec les créanciers du pays et le trio de dirigeants soutenant son gouvernement pour débloquer l'aide indispensable pour éviter au pays de faire défaut en mars.
"Nous sommes à un moment très proche d'un accord final à Athènes", a souligné M. Barroso mardi, tout en parlant d'"un moment décisif pour l'avenir de la Grèce et de l'Europe".