Le président Nicolas Sarkozy a réaffirmé mardi sa volonté de jeter les fondements d'un "nouveau système monétaire international" pendant la présidence française du G20 et d'avancer aussi vers une "taxation sur les transactions financières" pour aider au développement de l'Afrique.
Avec la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, il s'agit des chantiers prioritaires de la France, qui a pris vendredi dernier les rênes du G20 et du G8 pour un an, a rappelé M. Sarkozy lors d'un entretien télévisé retransmis sur TF1, France 2 et Canal Plus.
"On ne peut plus rester dans cette pagaille monétaire qui est extraordinaire", a-t-il martelé. "Il faut un nouveau système monétaire international", a-t-il répété.
Le chef de l'Etat a confirmé que la Chine, acteur central du dossier, avait donné son accord pour l'organisation, au printemps 2011, d'un séminaire sur la question des monnaies, qu'il ira "présider (lui)-même avec les Chinois pour essayer d'avancer dans cette direction".
Il a ajouté qu'il aborderait le dossier lors de sa rencontre mercredi après-midi à l'Elysée avec le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn.
Lors du G20 qui s'est déroulé la semaine dernière à Séoul, les dirigeants des pays membres sont convenus de s'abstenir de toute "dévaluation compétitive" et de "favoriser des taux de change davantage déterminés par le marché".
Mais cet engagement était une copie conforme de celui déjà pris par leurs ministres des Finances fin octobre lors d'une réunion en Corée du Sud.
Le président de la République a par ailleurs estimé qu'il fallait "un nouveau système pour financer le développement de l'Afrique" et qu'il souhaitait que "la France montre l'exemple sur la taxation des transactions financières".
"On peut imaginer une taxation très faible pour apporter à l'Afrique et aux pays pauvres les moyens de donner de l'emploi à leur population", a dit M. Sarkozy.
"Si un petit nombre de pays leaders, dont la France, croient dans cette idée, nous la ferons avancer", a-t-il ajouté, précisant qu'il aurait "l'occasion d'en reparler au début du mois de janvier".
La France souhaite que le G20 s'occupe de sujets comme les financements innovants pour l'aide publique au développement ou la lutte contre le réchauffement climatique.
En juillet, un rapport commandé à neuf experts internationaux par une douzaine de pays prônait la création d'une taxe sur les transactions de change entre les banques, plutôt que sur les transactions financières, qui permettrait de dégager 30 milliards de dollars par an au bénéfice de l'aide au développement.
L'idée d'une taxe mondiale qui viendrait compléter l'aide publique classique, en baisse dans de nombreux pays développés en raison de la crise financière, fait son chemin depuis plusieurs années.
Lancés en 2006, les "financements innovants" visent à accroître l'aide au développement en complément de la manne financière publique. La taxe sur les billets d'avion en fait partie.
L'ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait mis en place en 2009 un groupe de travail pour étudier la faisabilité technique et juridique d'une taxe qui serait de l'ordre de 0,005% sur chaque transaction financière, dont le taux serait de 0,005%.