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Le FMI accroît son effort pour les pays pauvres, avec une portée discutée

Publié le 01/01/2001 01:00

Le Fonds monétaire international (FMI), souvent critiqué pour son indifférence aux difficultés sociales entraînées par les politiques qu'il préconise, a révolutionné ses pratiques en acceptant de prêter gratuitement aux plus pauvres, un geste à la portée discutée.

L'institution basée à Washington a annoncé mercredi qu'elle annulait le paiement des intérêts que les pays pauvres lui doivent jusque fin 2011, et qu'elle ferait passer les prêts à leur intention à 17 milliards de dollars d'ici à 2014.

Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, s'est félicité d'un "effort historique" pour aider ce groupe de 80 pays, dont la moitié environ sont africains, à traverser leur pire crise en un demi-siècle.

"Pour la première fois de son histoire nous sommes avec un FMI qui prête à taux zéro à des pays qui sont des pays pauvres", et cela "allège beaucoup leur budget", selon lui.

"C'est un grand pas, même s'il a fallu du temps pour en arriver là", salue Mark Weisbrot, du Center for Economic and Policy Research, de tendance altermondialiste et critique virulent de l'institution.

En période de croissance comme de récession mondiale, ces pays pauvres sont des clients habituels du FMI "depuis leur accès à l'indépendance et les chocs pétroliers des années 1970, qui leur ont fait très mal", rappelle Adam Lerrick, analyste à l'American Enterprise Institute, un cercle de réflexion conservateur de Washington.

L'Afrique concentre la moitié des pays bénéficiant de l'aide du FMI mais seulement une part minoritaire de l'encours de ses prêts.

Les 17 milliards de dollars mis à disposition des pays pauvres, contre un milliard prêté en moyenne par an entre 2006 et 2008, et trois milliards depuis le début de l'année, représentent une faible part des ressources prêtables du FMI. A elle seule, l'Ukraine a obtenu quasiment la même somme (16,4 milliards) en novembre, dans le cadre d'un prêt sur deux ans.

M. Weisbrot considère le montant "véritablement minuscule comparé aux centaines de milliards de dollars qu'ils ont obtenus pour sauver les banques d'Europe de l'Est".

"Le FMI n'est pas là que pour la stabilité économique et financière mondiale, il est aussi là pour la stabilité de tous ses Etats membres", estime Edwin Truman, économiste spécialiste du FMI, qui a conseillé le Trésor américain avant le sommet des pays riches et émergents du G20 à Londres en avril.

"Prêter aux pays pauvres n'est pas le métier du FMI", lui rétorque M. Lerrick, mais "celui de la Banque mondiale et des banques régionales de développement".

"Ils veulent gagner en popularité. Et ils veulent, comme toute organisation, étendre leurs activités. (...) C'est politiquement efficace et financièrement peu coûteux", d'après lui.

Le Fonds doit y consacrer la vente de 403,3 tonnes d'or, soit un huitième de ses avoirs.

Son image reste dans de nombreux pays celui d'un club de pays riches venu imposer sa loi économique, et des mesures socialement injustes. Le FMI répond souvent que non seulement il est appelé dans des pays en grande difficulté, mais aussi qu'il a changé et se soucie beaucoup plus des "plus vulnérables".

Pour M. Weisbrot, ces critiques ne sont pas près de s'éteindre: "si vous regardez le détail des accords de prêt en vigueur aujourd'hui, ils ne sont toujours pas en faveur du développement, et d'objectifs comme la protection de l'agriculture locale", assure-t-il.

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