Confronté à une lourde dette, Thomson, ancien fleuron de l'industrie française, pourrait obtenir un nouveau sursis, alors qu'expire ce mardi, jour de son assemblée générale, le délai accordé par ses créanciers.
Après la révélation fin janvier d'une dette brute d'un montant de 2,9 milliards d'euros, ne lui permettant plus de respecter ses engagements bancaires, le groupe, devenu spécialiste des technologies de l'image, a entamé des discussions avec ses prêteurs, au nombre d'une cinquantaine. Avec une échéance fin avril, finalement reportée au 16 juin.
Le groupe semble en passe d'obtenir un répit de deux à trois semaines, ont déclaré à l'AFP plusieurs sources proches du dossier, confirmant une information publiée vendredi par latribune.fr.
Une annonce bien accueillie en Bourse, où le titre gagnait encore lundi à la mi-journée plus de 6%, après avoir clôturé en hausse de plus de 10% vendredi.
De son côté, la direction indique simplement qu'elle communiquera, comme prévu, les résultats des discussions à ses actionnaires lors de l'assemblée générale qui se tient mardi à 16h00 à Paris.
Faute d'accord, le groupe serait contraint de se placer sous procédure de sauvegarde, afin de mener sa restructuration tout en poursuivant son activité et en maintenant les emplois des 23.000 salariés.
"Si les banques n'ont pas fait capoter tout cela demain (mardi, ndlr), c'est qu'il y a un peu d'espoir pour la survie de la société", estime l'analyste Jérôme Ramel, d'Exane BNP Paribas, interrogé par l'AFP. Selon lui, "le spectre de la faillite s'éloigne".
En revanche, la solution trouvée, précise-t-il, "pourrait être très dure pour les actionnaires" actuels qui verraient leur poids diminué par l'arrivée au capital des banques qui devraient recevoir des actions en échange de leur créance.
L'assainissement du bilan, s'il aboutit, ne réglera pas toutes les difficultés de l'ancien groupe d'électronique grand public qui reste confronté à de vrais défis, notamment un portefeuille d'activités trop disparates, de l'avis de son PDG Frédéric Rose.
Tirant les leçons d'une année 2008 catastrophique (lourdes pertes et chute des ventes), M. Rose a décidé de se séparer de 20% des activités pour se recentrer sur les services aux studios de cinéma et de télévision (effets spéciaux, décodeurs, duplication de DVD...).
Outre ce plan, un autre argument pourrait entrer en ligne de compte pour convaincre les créanciers: l'amélioration enregistrée au premier trimestre, avec un chiffre d'affaires en hausse de 8,5%.
Dans ce contexte difficile, l'assemblée générale s'annonce houleuse. Les syndicats ont prévu de manifester devant le lieu de la réunion et d'y distribuer des tracts pour dénoncer le projet du PDG, a indiqué à l'AFP Jean-Pierre Ottavi de la CFDT (37% chez Thomson).
Ils s'insurgent également contre la proposition faite aux actionnaires de verser une prime de 60.000 euros à François de Carbonnel, président du conseil d'administration d'avril 2008 à avril 2009, et une autre de 360.000 euros à l'ancien directeur financier Julian Waldron.