Dépenses publiques, notamment sociales, gelées pour les trois ans à venir, rabotage des niches fiscales, baisse du train de vie de l'Etat: le gouvernement serre la vis tous azimuts pour réduire le déficit et prévient que tous les Français devront consentir des efforts.
François Fillon a convoqué jeudi en séminaire tous ses ministres pour préparer le budget triennal 2011-2013, en pleine tempête économico-financière qui frappe de plein fouet la Grèce et fait vaciller le Portugal et l'Espagne.
Dès mercredi soir, le Premier ministre avait prévenu qu'il serait amené à prendre des "décisions difficiles" pour ramener le déficit, qui a explosé sous l'effet de la crise économique, à 6% l'an prochain, 4,6% en 2012 et à 3% du PIB en 2013.
L'objectif est de se mettre en conformité avec les exigences européennes et garantir son crédit sur les marchés financiers et vis-à-vis des agences de notations tant redoutées.
Si les mots de "politique de rigueur" qui "asphyxierait" l'économie, selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel, restent pour l'instant tabous, les premières pistes annoncées jeudi vont dans le sens d'une réduction drastique des dépenses.
François Fillon a ainsi affirmé que pour les trois ans à venir, celles de l'Etat seraient "gelées en valeur" alors qu'elles l'étaient jusqu'à présent en volume même si dans ce cas, l'assiette de calcul était plus large avec la prise en compte des remboursements annuels des intérêts de la dette et des pensions.
Le gel strict signifie donc que désormais le "pouvoir d'achat" réel de l'Etat sera réduit en proportion de l'inflation chaque année. Selon le calcul de l'AFP, si l'inflation est en 2011 identique à 2010 - soit 1,2% en prévision-, l'économie serait de 2,5 milliards d'euros.
Pour y parvenir, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite sera poursuivi et les dépenses de fonctionnement de l'Etat amputées de 10% en trois ans avec une baisse de 5% dès 2011.
Les opérateurs de l'Etat - à l'instar de Météo France - devront aussi respecter cet "effort de productivité".
Les dépenses d’intervention qui désignent notamment des aides à l'emploi (contrats aidés...) et des aides sociales (aide au logement, allocation adulte handicapé...) seront également remises à plat.
Autre moyen de réaliser des économies: rogner les niches fiscales qui coûtent chaque année 70 milliards à l'Etat. François Fillon a réaffirmé que cinq milliards devront être trouvés par ce biais dans les deux prochaines années.
Pour ce qui est de l'année en cours, le Premier ministre a enjoint son équipe à ne pas dépasser les dépenses prévues par la loi de finances.
Luc Chatel tout comme le ministre du Budget, François Baroin, ont clamé haut et fort qu'il n'y aurait pas d'augmentation - "massive" a ajouté le porte-parole du gouvernement - des impôts, conformément à l'engagement de Nicolas Sarkozy.
Mais Luc Chatel a cependant averti qu'au nom de "l'exemplarité" tous les Français seront "touchés" par ce redressement des finances publiques.
"Il faudra faire des économies dans tous les secteurs", a prévenu Philippe Marini, rapporteur général UMP de la commission des finances au Sénat. Reste que pour Jean Arthuis, président centriste de cette même commission, l'équilibre des comptes publiques "ne suffira pas" sans croissance économique. Elle s'annonce timide pour cette année avec une prévision de 1,4%.
Pour le Parti communiste le gouvernement prépare un scénario à la grecque en en "mettant fin au modèle social français".