EDF a dévoilé mardi des résultats semestriels en nette hausse et supérieurs aux attentes, liés à la maîtrise de ses coûts et à sa filiale d'énergies renouvelables, ainsi qu'au temps pluvieux qui a dopé sa production d'hydroélectricité, compensant un recul de celle du parc nucléaire.
Au premier semestre, le géant français de l'électricité (détenu à 84% par l'Etat) a enregistré un bénéfice net part du groupe de 2,77 milliards d'euros, en hausse de 4,6%, ainsi qu'un bénéfice net courant (c'est-à-dire hors éléments exceptionnels) en progression de 10,3% à 2,95 milliards, pour un chiffre d'affaires en augmentation de 8,2% à 36,22 milliards.
C'est plus que prévu par les analystes, qui tablaient d'après EDF sur un bénéfice net courant de 2,59 milliards et un chiffre d'affaires de 35,13 milliards.
En milieu de matinée à la Bourse de Paris, l'action EDF, dont le prix a été divisé par 5 depuis 2007, gagnait 1,11% à 16,78 euros.
"Nous faisons mieux qu'attendu parce que nous avons fait porter un effort sur nos coûts", a expliqué lors d'une conférence téléphonique le directeur financier, Thomas Piquemal, invoquant également une forte progression de la contribution de la filiale dédiée aux énergies renouvelables (éolien, solaire...), EDF Energies Nouvelles.
Les résultats du semestre ont de plus bénéficié d'une hausse de la production d'hydroélectricité, grâce au temps très pluvieux observé en France ce printemps, qui a permis de faire fonctionner les barrages à plein régime.
Cela a en partie compensé une baisse de la production du parc nucléaire, liée à des arrêts plus nombreux de réacteurs pour inspection ou travaux de maintenance, mais aussi en raison de pannes, notamment après l'incident de Penly (Seine-Maritime) en avril.
Tout le contraire de ce qui s'était passé un an plus tôt: le climat chaud et sec avait alors fait chuter la production hydroélectrique, tandis que le parc nucléaire avait affiché des performances exceptionnelles.
Par ailleurs, la vague de froid cet hiver dans l'Hexagone a coûté 108 millions d'euros à EDF, en l'obligeant à acheter du courant au prix fort à d'autres producteurs lors des pics de consommation de courant qu'elle avait entraînée.
Dans la foulée, EDF a confirmé ses objectifs 2012 avec un dividende "au moins stable" cette année, malgré une production nucléaire française qui n'est plus attendue qu'autour de 415 térawattheures (TWh), contre 420 à 425 TWh auparavant.
EDF a de plus maintenu ses perspectives financières sur la période 2011-2015.
Parmi les ombres au tableau, les sommes non compensées par la CSPE (Contribution au service public de l'électricité) ont encore gonflé de 700 millions d'euros au premier semestre, à 4,5 milliards d'euros.
Cette taxe, prélevée sur les factures d'électricité des Français, est censée couvrir les charges de service public d'EDF, dont celles liées aux énergies renouvelables, mais ses recettes sont loin de couvrir ces surcoûts.
Ce déficit croissant de la CSPE, couplé à la prise de contrôle en mai du groupe italien Edison, a gonflé l'endettement du groupe, passé de 33,3 milliards fin décembre à 39,7 milliards fin juin.
Pour tenir son objectif d'une dette inférieure à 2,5 fois son excédent brut d'exploitation (soit son niveau actuel), EDF dit chercher avec les pouvoirs publics une solution au déficit de la CSPE. Des discussions sont en cours et le groupe espère les conclure d'ici la fin de l'année.
Par ailleurs, EDF reverra sa "trajectoire de charges et d'investissements" également d'ici la fin de l'année, pour faire des économies.
Enfin, l'opérateur historique a révélé chercher de nouveaux partenaires pour ses projets de construction de nouvelles centrales nucléaires au Royaume-Uni, auxquels l'énergéticien britannique Centrica doit déjà participer à hauteur de 20%.