Après une plongée record en 2010, les comptes de la Sécurité sociale devraient connaître l'"amorce" d'un redressement en 2011, mais le déficit prévu pour le régime général reste à un niveau élevé, au-delà de 19 milliards d'euros.
Il y a deux bonnes nouvelles dans les prévisions de la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) publiées jeudi: d'abord, le déficit prévu pour 2011 a été revu à la baisse, à 19,5 milliards d'euros, soit 1,4 milliard de moins que le chiffre retenu dans la loi de financement annuelle.
La seconde est la confirmation que le déficit commence à diminuer après une plongée qui l'a mené au niveau record de 23,9 milliards d'euros en 2010 (ce chiffre aussi est le fruit d'une révision à la baisse, mais il reste historique).
Le gouvernement a salué jeudi des "prévisions encourageantes" qui "traduisent la politique de maîtrise de la dépense sociale".
"C'est l'amorce d'un redressement, c'est positif", a dit à l'AFP un expert de la CCSS. "Mais il y a aussi une façon plus négative de voir les choses: le déficit reste à un niveau très élevé, et sans recettes nouvelles, il se serait même encore dégradé", a-t-il ajouté.
Fin 2011, le déficit devrait encore être "plus de deux fois supérieur au palier de 9-10 milliards d'euros de la période 2003-2008", précise le rapport de la CCSS, qui rappelle que la plongée des comptes sociaux à partir de 2009 est "due pour l'essentiel" à l'impact de la crise économique.
Le redressement de plus de 4 milliards d'euros constaté entre le déficit 2010 et celui désormais prévu pour 2011 s'explique principalement par un "important surcroît de recettes".
Plus de 3 milliards d'euros ont ainsi été apportés par exemple à la branche vieillesse par la réforme des retraites adoptée fin 2010.
La hausse du taux de cotisation "accidents du travail" et l'augmentation des taxes sur le tabac perçues par la Sécu ont aussi apporté plus de recettes au régime général.
Côté dépenses, les différentes branches du régime général devraient être dans les clous des objectifs fixés dans la loi pour 2011.
Pour la branche maladie notamment, qui représente plus de la moitié du déficit du régime général, les risques de dérapage en cours d'année apparaissent faibles.
Si cela se confirmait, l'Objectif national de dépenses de l'assurance maladie (Ondam) serait respecté pour la deuxième fois consécutive, alors qu'il ne l'avait pas été depuis 1997.
Ce qui n'empêchera pas le déficit de l'assurance maladie d'atteindre 10,3 milliards d'euros en 2011, selon la nouvelle prévision de la CCSS.
Celui de la branche famille est lui prévu à 2,8 milliards d'euros (contre 2,7 en 2010), tandis que la branche accidents du travail est la seule à l'équilibre.
C'est le déficit prévu de la branche retraites qui recule le plus sensiblement, à 6,4 milliards d'euros (contre 8,9 en 2010).
Outre les nouvelles recettes apportées, la réforme des retraites va aussi avoir un effet modérateur sur les dépenses. Le recul de l'âge légal de départ, qui n'entre en vigueur qu'en juillet, devrait provoquer 100.000 départs à la retraite en moins dès 2011.
Les résultats des différentes branches n'incluent pas le Fonds de solidarité vieillesse (FSV): selon la CCSS, il devrait enregistrer en 2011 un déficit de 4,1 milliards, comme en 2010, à ajouter donc aux 19,5 milliards de déficit du régime général.
Ces prévisions pour 2011 seront une nouvelle fois actualisées à l'automne par la CCSS, qui publiera également une première prévision pour 2012.