A un peu plus de cinq mois de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy et le gouvernement ont lancé mardi l'offensive, très populaire à droite, contre la fraude sociale au nom de la protection du "modèle social français" en période de rigueur budgétaire.
Dans un discours prononcé à Bordeaux et clairement dirigé contre la gauche, le chef de l'Etat s'est longuement posé en "garant" et en "protecteur" du modèle hexagonal de protection sociale qui date de la fin de la Seconde guerre mondiale et est menacé par la crise, et il a fustigé tous ceux qui en profitent.
Pendant ce temps son gouvernement annonçait l'instauration d'une journée de carence pour les fonctionnaires en arrêt maladie et un quatrième jour de carence pour les salariés du privé.
"Voler la Sécurité sociale c'est trahir la confiance de tous les Français et c'est porter un coup terrible à la belle idée, nécessaire, de solidarité nationale", a lancé Nicolas Sarkozy sous les applaudissements. "Nous devons être sans indulgence contre les tricheurs et les fraudeurs", a-t-il insisté.
"La fraude, c'est la plus terrible et la plus insidieuse des trahisons de l'esprit de 1945. C'est la fraude qui mine les fondements même de (la) République sociale", a-t-il également affirmé.
La fraude sociale est évaluée grosso modo à 20 milliards d'euros par an, très largement imputable aux employeurs qui ne paient pas leurs cotisations, selon le rapport du député UMP Dominique Tian. Le ministre du Travail Xavier Bertrand l'estime à "près de 4 milliards d'euros" par an pour les seules prestations sociales.
Selon M. Tian, la fraude aux prélèvements (cotisations patronales et salariales non versées en raison du travail au noir) s'élève quant à elle entre 8 et 15,8 milliards d'euros.
Nicolas Sarkozy n'a pas détaillé de mesure nouvelle contre la fraude sociale mais a répété sa volonté de la combattre "sans indulgence".
"Il ne s'agit pas de désigner des boucs émissaires", a-t-il répondu à ceux qui, à gauche, voient dans ce discours un clin d'oeil aux électeurs du Front national, très en pointe sur ce thème, mais "de préserver un acquis social".
Tout au long de son propos, le très probable candidat de l'UMP en 2012 a défendu ses réformes en assurant qu'elles seules avaient permis de sauver notre modèle social, "l'un des plus généreux au monde". "Le seul moyen de préserver cet acquis", a-t-il jugé, "c'est de le réformer en permanence pour l'adapter aux réalités de notre monde".
Evoquant la réforme des retraites, Nicolas Sarkozy a pilonné son futur rival socialiste François Hollande, dont il a dénoncé la volonté de revenir à la retraite à 60 ans. "Qui peut oser dire que notre réforme du système de retraite n'était pas nécessaire?".
Tout en plaidant pour le "modèle social français", l'un des "meilleurs au monde", M. Sarkozy a estimé qu'il fallait également y apporter des "transformations". Ainsi, "nous expérimenterons dans une dizaine de départements une obligation de travail de 7 heures (par semaine) pour les bénéficiares du RSA comme l'a proposé Marc-Philippe Daubresse" secrétaire général adjoint de l'UMP suite à une proposition anologue de Laurent Wauquiez.
Visant toujours la gauche, le chef de l'Etat a défendu la deuxième vague de rigueur budgétaire annoncée la semaine dernière par le gouvernement.
Sur ce terrain de la rigueur nécessaire, François Fillon a de son côté jugé "raisonnable" l'instauration d'une journée de carence pour les fonctionnaires en arrêt maladie.
Le chef de l'Etat a par ailleurs relancé le débat sur la très polémique TVA sociale en annonçant un débat sur le financement de la protection sociale confié, avant la fin de l'année, à un Haut-conseil réunissant les partenaires sociaux.
"La fraude sociale tout compris, c'est 1/1000e des dépenses sociales de notre pays", a fustigé le député PS Jean-Marie Le Guen, pour qui Nicolas Sarkozy "cherche des boucs émissaires".