Le Fonds monétaire international a examiné lundi pour la première fois les candidatures qu'il a reçues pour le poste de directeur général, dont celle de la favorite, la Française Christine Lagarde, qui a été critiquée par ses deux rivaux déclarés.
Après la clôture des candidatures vendredi soir et l'arrivée surprise de l'Israélien Stanley Fischer dans la course, le conseil d'administration du FMI s'est réuni comme chaque lundi, et s'est fait communiquer la liste.
C'est cette instance qui doit désigner "par consensus", ou à défaut par un vote, le successeur au Français Dominique Strauss-Kahn. Elle est composée des représentants de vingt-quatre pays ou groupes de pays, dont sept de l'Union européenne.
Il y aura vraisemblablement trois prétendants, avec le gouverneur de la Banque du Mexique Agustin Carstens face à la ministre française de l'Economie et au gouverneur de la banque centrale israélienne.
Le FMI a refusé d'indiquer s'il y avait d'autres personnes en lice et de dire à quel moment il dévoilerait les noms.
Au fur et à mesure que Mme Lagarde a glané des soutiens, avec l'Afrique subsaharienne vendredi, puis l'Indonésie, l'Egypte et les Emirats arabes unis dimanche, le suspense s'est réduit.
M. Carstens lui-même en voit peu. "Les chances pour Christine Lagarde de se faire élire sont très élevées. Je suis sûr qu'elle fera une bonne directrice générale", a-t-il affirmé lundi, lors d'une conférence à Washington, en réponse à une question sur la candidature de la Française.
Il venait de rencontrer le secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Timothy Geithner, qui, a rapporté le Mexicain, "ne s'est engagé ni dans un sens ni dans l'autre".
M. Carstens a cependant déploré la façon dont s'est imposée la représentante des Européens, lesquels selon lui "n'ont pas joué le jeu" d'un processus de sélection "ouvert, fondé sur le mérite et transparent".
"Il pourrait y avoir conflit d'intérêt" entre l'Union européenne et un FMI dirigé par Mme Lagarde, a-t-il aussi avancé. "Nous aurions une situation où les emprunteurs domineraient une institution créancière. Je pense que c'est un problème qu'il faut examiner", a-t-il ajouté.
Les pays européens, dont la Grèce, l'Irlande et le Portugal, sont aujourd'hui de loin les plus grands emprunteurs au FMI. Or, le candidat mexicain a estimé que s'il était préféré à la Française, "ce serait un avantage dans le sens où le FMI ne serait pas perçu comme travaillant pour des intérêts européens".
Le candidat israélien a placé ses critiques sur un autre terrain, celui de la compétence.
Comme M. Carstens, il a déjà été directeur général adjoint du FMI. Ses compétences d'économiste sont reconnues: il a, entre autres, dirigé la thèse d'économie du président de la banque centrale des Etats-Unis, Ben Bernanke, alors étudiant au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT).
"En temps normal, vous pouvez probablement vous reposer sur l'intuition", a-t-il dit au Wall Street Journal, sans désigner explicitement Mme Lagarde, juriste de formation.
Mais dans le cas d'une crise grave où s'expriment des avis divergents, "sans une formation solide, il est très difficile de savoir qui est dans le vrai et qui a tort. Vous avez besoin d'un cadre intellectuel pour résoudre les problèmes", a-t-il argumenté.
Pour être désigné, M. Fischer, 67 ans, aurait cependant besoin que les Etats membres modifient le règlement qui prévoit une limite d'âge de 65 ans pour devenir directeur général. Mme Lagarde, 55 ans, et M. Carstens, 53 ans, n'ont pas ce souci.