L'héritier de l'empire Toyota, Akio Toyoda, est apparu contrit mais digne mardi en répondant aux questions de parlementaires américains souvent vindicatifs, défendant les emplois créés par son groupe aux Etats-Unis.
"Je suis profondément désolé pour tout accident que des conducteurs de Toyota ont pu subir", s'est excusé M. Toyoda, dans un anglais marqué d'un fort accent japonais, lisant des remarques liminaires devant la Commission de supervision et de réforme gouvernementale de la Chambre des représentants.
Le visage figé, flanqué d'une traductrice, le petit-fils du fondateur de l'empire Toyota a ensuite répondu en japonais aux questions des parlementaires américains, un évènement rarissime dans l'histoire du Congrès, une enceinte que les chefs d'entreprise étrangers évitent autant que possible.
M. Toyoda a tour à tour affirmé que son entreprise apprenait de ses erreurs, qu'elle allait revoir son contrôle qualité et qu'elle tenterait de mieux communiquer.
"Nous allons écouter les plaintes de clients très humblement" a-t-il promis, assurant avoir la conviction qu'il n'y a "pas de problème avec les systèmes électroniques d'accélération" des véhicules du groupe.
Il ne s'est pas départi de son calme quand un représentant de Floride (sud), John Mica, a décrit ce jour comme "embarrassant pour Toyota" et s'est dit "embarrassé pour (lui)".
Aux côtés de M. Toyoda, le président du groupe aux Etats-Unis, Yoshi Inaba, est resté affable et presque souriant. Il a plusieurs fois tenté de voler au secours de M. Toyoda, parfois maladroitement, en répondant à des questions avant lui.
Les deux dirigeants ont été abondamment questionnés sur un document interne révélé par la commission ce week-end et qui fait polémique.
Daté de juillet 2009 et portant le nom de M. Inaba, il décrit des victoires obtenues grâce au lobbying du bureau Toyota de Washington, notamment avoir limité l'impact potentiel de précédents rappels en les négociant avec l'agence de sécurité routière américaine et économisé ainsi jusqu'à 100 millions de dollars.
"C'est l'un des documents les plus embarrassants que j'aie jamais vu", leur a déclaré M. Mica.
Les dirigeants de Toyota ont plaidé l'ignorance. "Honnêtement, je ne me souviens pas de cette présentation", a affirmé M. Inaba, expliquant qu'elle avait été effectuée au cours "d'un programme d'orientation" alors qu'il venait de prendre ses fonctions de président de Toyota aux Etats-Unis.
M. Toyoda a quant à lui affirmé "ne pas comprendre" ce document. Pressé de dire s'il était d'accord avec le contenu du document, il s'est à nouveau excusé, disant ne pas comprendre la question.
"J'ai besoin de mieux comprendre les tenants et les aboutissants (...). Cela ne veut pas dire que je ne comprend pas ce qui est écrit en anglais", a-t-il ajouté, esquissant un rare sourire.