Le commissaire européen chargé des Services financiers, Michel Barnier, se rend à partir de dimanche à New York et Washington pour améliorer la "convergence" entre les mesures de régulation financières prises face à la crise des deux côtés de l'Atlantique.
"Mon intention est de dire aux autorités américaines et aux responsables du secteur financier la détermination des Européens" et de "vérifier que nous avons la même détermination" des deux côtés de l'Atlantique, a indiqué M. Barnier à des journalistes à Bruxelles.
Il doit rencontrer notamment le secrétaire au Trésor Timothy Geithner ainsi que les présidents de la Réserve fédérale Ben Bernanke ou du gendarme boursier (SEC) Mary Schapiro. Il doit aussi s'entretenir avec des dirigeants de fonds d'investissement, comme Carlyle ou Blackstone, et de grandes banques américaines, comme JP Morgan, Citigroup et Goldman Sachs.
Cette dernière a été mise en cause pour certains montages financiers révélés dans le cadre de la crise grecque, et fait l'objet d'une enquête aux Etats-Unis pour "fraude" dans le cadre de la vente de produits adossés aux "subprime", les crédits immobiliers à risque ayant provoqué la crise financière mondiale.
M. Barnier lui-même a dénoncé cette semaine une "inventivité insensée des banques" en matière de produits financiers, s'interrogeant sur la morale et l'éthique de certains acteurs du secteur.
Et mercredi, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a lancé une mise en garde aux marchés, menaçant de sévir pour contenir la spéculation débridée liée à la crise grecque. "La Commission fera tout ce qui est nécessaire pour faire en sorte que les marchés financiers ne soient pas un terrain de jeu pour la spéculation", a-t-il prévenu.
Selon une source européenne, M. Barnier ne devrait "pas parler de cas particulier" lors de ses rencontres avec les banquiers américains, mais avoir "une discussion générale, pour comprendre où sont les conflits d'intérêts". Il devrait aussi aborder deux importants projets européens, pour réguler les fonds spéculatifs et les produits dérivés.
M. Geithner s'était notamment inquiété en mars d'une possible discrimination des fonds et banques américaines dans le cadre du premier projet.
"Il n'y aura pas de discrimination de notre fait. Je ne suis pas partisan du protectionnisme, je veux simplement des protections pour le consommateur", a affirmé M. Barnier. Il a toutefois réaffirmé que si un "passeport", permettant d'exercer dans toute l'UE, était octroyé à des fonds non-européens, "ce ne sera pas un passeport complaisant".
Sur la question des produits dérivés, il a reconnu que les Etats-Unis avaient pris "un peu d'avance", y voyant "une bonne émulation".
Selon une source européenne, la Commission préfèrerait arriver à des législations très proches en Europe et aux Etats-Unis "pour éviter les arbitrages réglementaires".
M. Barnier s'est aussi dit "préoccupé" par certaines "divergences" entre Américains et Européens, sur la réglementation bancaire ou les normes comptables par exemple.
Avec les Etats-Unis, où il compte retourner "deux à trois fois par an", M. Barnier effectue sa première visite hors d'Europe depuis son entrée en fonctions. Il projette également de se rendre rapidement en Chine, en Inde et au Japon.