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Areva sur le gril dans la crise des otages d'Aqmi

Publié le 21/09/2010 13:30

La révélation qu'Areva était au courant début septembre de menaces d'enlèvement d'expatriés au nord-Niger place un peu plus sur la sellette le groupe nucléaire français, dont la patronne Anne Lauvergeon reste silencieuse depuis le début de la crise des otages d'Al-Qaïda au Maghreb.

Selon une lettre mise en ligne mardi soir par Le Monde, Areva avait été prévenu du risque d'"enlèvement" de "personnel expatrié" dans la région dès le 1er septembre, deux semaines avant le rapt revendiqué par Aqmi de cinq Français et deux Africains travaillant pour le groupe et un de ses sous-traitants.

"La menace du groupe Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique, ndlr) est à prendre au sérieux", avertissait le capitaine Seydou Oumanou, préfet d'Arlit, évoquant notamment un incident le 23 août entre un "groupe armé" repéré dans la zone et les militaires nigériens.

L'officier réclamait aussi aux dirigeants d'Areva des "contributions en moyens matériels et financiers" pour combattre cette menace.

Interrogé par l'AFP, Areva, qui avait renforcé sa sécurité fin juillet après l'exécution de l'otage français d'Aqmi Michel Germaneau enlevé en avril, n'a pas fait état de nouvelles mesures prises suite à ce courrier.

Le groupe a seulement indiqué avoir dépêché au Niger son directeur adjoint pour la sécurité, le général Patrick Champenois, qui s'était entretenu avec les principaux responsables militaires nigériens et le préfet d'Arlit et avait rapporté à l'ambassadeur de France et à l'attaché militaire en poste à Niamey.

"Chacun comprendra que ce n'est pas Areva tout seul qui peut faire face à une menace de cette ampleur", a défendu mercredi Jacques-Emmanuel Saulnier, directeur de la communication d'Areva.

Les révélations du Monde attisent la polémique qui sévit depuis une semaine entre le groupe français et le gouvernement nigérien sur la responsabilité des failles dans la sécurité des expatriés d'Arlit, où les otages ont été enlevés en pleine nuit à leurs domiciles.

Areva a réagi en annonçant mardi soir le lancement d'une "analyse interne détaillée" de ses mesures de sécurité, confiée au général Christian Quesnot, ancien chef d'état-major particulier de François Mitterrand. Le groupe a aussi dit "regretter les polémiques inappropriées au regard de la menace évoquée".

Mais la gestion de cette crise, la plus grave traversée pour le groupe, frappe aussi par le silence complet observé par la présidente d'Areva Anne Lauvergeon.

Pas de déclaration, aucun déplacement au Niger ni à Paris pour accueillir les cadres du groupe rapatriés de Niamey: Mme Lauvergeon, une dirigeante d'entreprise puissante, très en vue et d'ordinaire friande d'interventions médiatiques, n'a fait aucune apparition publique depuis le début de la crise.

"Aucune intervention n'est prévue prochainement", a confirmé mercredi un porte-parole du groupe. De la même manière, la communication d'Areva refuse toute interview télévisée depuis le début de la crise.

De source proche du dossier, la réaction de Nicolas Sarkozy à la prise d'otages a été extrêmement critique à l'égard d'Anne Lauvergeon.

En début d'année, Mme Lauvergeon avait fait l'objet de rumeurs prêtant au président de la République le souhait de l'évincer de la tête du groupe public. Une source proche du dossier avait cependant indiqué à l'AFP début juillet que Mme Lauvergeon garderait son poste jusqu'au terme de son mandat, en juin 2011.

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