Les salariés des raffineries Total devaient décider mercredi en milieu de journée s'ils arrêtent leur grève, sur la base de l'accord conclu la veille entre syndicats et direction, ceux de Dunkerque, à l'origine du conflit, ayant décidé de reconduire leur mouvement.
Dans les cinq autres raffineries (Grandpuits, Feyzin, La Mède, Gonfreville-L'Orcher et Donges) des assemblées générales devaient être organisées en tout début d'après-midi pour voter la reprise du travail ou la reconduction de la grève.
Franck Manchon, délégué CGT à Grandpuits, a déclaré à l'AFP mercredi qu'"a priori, on se dirige vers une reprise (...) mais la fin du mouvement se décidera en AG à 13H30 et pas avant".
Les engagements pris par le groupe pétrolier de ne pas fermer ou céder de raffineries en France dans les cinq ans à venir ne concerne pas la raffinerie des Flandres, près de Dunkerque, dont le sort sera arrêté lors d'un comité central d'entreprise le 8 mars.
Dans cette raffinerie, mercredi matin, une centaine de salariés ont voté à main levée et à l'unanimité la poursuite de la grève, à l'appel de l'intersyndicale locale Sud (majoritaire), FO et CGT.
"Nous ne sommes pas pleinement satisfaits des conclusions de la négociation de mardi qui ne confirme pas le redémarrage de notre outil de travail", a déclaré devant l'AG Patrick Leclaire, délégué FO.
La raffinerie de Dunkerque (380 salariés, ainsi que plus de 400 personnes via des sous-traitants) est à l'arrêt depuis septembre. L'incertitude qui plane depuis des mois sur son sort a déclenché un mouvement de grève chez les salariés de la branche raffinage, qui redoutent plus globalement un désengagement de Total en France.
"L'avenir de Dunkerque reste posé, c'est pour cela que nous sommes dans une suspension du mouvement de grève et pas dans une fin de grève, mais tout sera discuté le 8 mars", a déclaré mercredi à l'AFP Charles Foulard, coordinateur CGT.
Total s'est engagé à "assurer au sein du groupe la pérennité de l'établissement des Flandres", à participer d'ici fin mars à une table ronde sur le bassin dunkerquois et à garantir un emploi chez Total aux salariés.
Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a reproché mercredi, sur RTL, à la direction de Total "de ne pas avoir été assez claire" sur son projet et a exigé "une réouverture de la raffinerie des Flandres (...) si jamais il n'y a pas un vrai projet de substitution".
Dans un contexte de baisse de la consommation des produits pétroliers en France, qui doit toutefois importer du gazole, la question des capacités de production de Total ne figure pas dans l'accord conclu mardi.
Elle le sera forcément lors de la table ronde nationale sur l'énergie, annoncée pour la mi-avril mercredi par Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Ecologie et de l'Energie.
Total a dit vouloir maintenir "un outil de raffinage adapté, moderne et compétitif".
En mars dernier, le groupe pétrolier avait annoncé la suppression de 268 emplois, sans licenciement, à la raffinerie de Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime) et la réduction du volume produit sur ce site.
Début février, l'Union française des industries pétrolières a estimé que 10% à 15% des 114 raffineries européennes devrait fermer.