L'Italie s'est vu confirmer mardi la rechute de son PIB au début de l'année mais un indicateur de production industrielle encourageant pour avril suggère que le deuxième trimestre s'annonce sous des auspices un peu meilleures, selon des économistes.
Comme les experts s'y attendaient, l'institut de statistiques Istat a confirmé la mauvaise nouvelle dévoilée à la mi-mai, c'est-à-dire que l'Italie, après plus de deux années de profonde récession, n'a toujours pas renoué avec la croissance, malgré une modeste progression du produit intérieur brut de 0,1% au dernier trimestre 2013. Le PIB est reparti à la baisse au 1er trimestre 2014 (-0,1% par rapport au précédent).
Le PIB s'est en outre contracté de 0,5% par rapport au premier trimestre 2013, selon l'institut, confirmant là aussi, comme s'y attendaient les économistes, les premières estimations rendues publiques le 15 mai. L'acquis de croissance pour l'année 2014 est de -0,2%, selon Istat.
Seul le secteur de l'agriculture a tiré son épingle du jeu, avec une valeur ajoutée qui a progressé tant en rythme annuel (+0,2%) que trimestriel (+2,2%). Le secteur de la construction à l'inverse a vu la sienne reculer de 1,7% sur un an.
Les économistes de la banque UniCredit notent cependant que la consommation interne donne des signes de reprise "qui devraient s'intensifier au second semestre lorsque les baisses d'impôts approuvées en avril par le gouvernement prendront tout leur effet". Et les exportations ont davantage progressé que les importations. "Selon nous, la reprise va progressivement s'étendre", écrivent-elles dans une note.
- Lente récupération -
L'indicateur de production industrielle pour avril, publié simultanément par l'Istat, va lui aussi dans ce sens. Il a pris de court les analystes avec une progression plus forte que prévu (+0,7% par rapport à mars, contre +0,3-0,4% attendu). Sur un an, la production industrielle a augmenté de 1,6%, ce qui représente sa plus forte progression depuis août 2011.
De tels chiffres sont "réconfortants", estime Paolo Mameli, économiste de la banque Intesa Sanpaolo. Ils sont compatibles avec "un retour à la croissance du PIB lors du trimestre en cours", juge-t-il. Toutefois, "l'évolution par secteur reste très différenciée, ce qui confirme que la reprise n'est pas diffuse et reste donc fragile", prévient-il.
Le "patron des patrons" italiens, le chef du lobby patronal Confindustria Giorgio Squinzi, s'en tient lui aussi à une ligne prudente: "Ce n'est pas un chiffre clair: ces faibles variations ne peuvent pas s'interpréter comme une vraie reprise", a-t-il déclaré mardi, cité par les médias italiens.
Le centre d'études de Confindustria, le CSC, table sur une évolution nulle de la production industrielle en mai par rapport à avril. "Le tableau demeure à la faiblesse mais orientée vers une amélioration. Les indicateurs disponibles pour le secteur manufacturier ne signalent pas d'accélération nette mais une récupération lente dans les prochains mois", note-t-il.
En outre, la production industrielle d'avril reste toujours à un niveau inférieur de 23,9% à celui du pic d'activité atteint avant la crise, en avril 2008, souligne le CSC.
Le gouvernement italien de Matteo Renzi, qui doit faire face à la montée du chômage et à un malaise social de plus en plus palpable, a déclaré vouloir tourner la page sur l'austérité et prévoit une croissance de 0,8% pour 2014, une estimation plus optimiste que celle des organisations internationales et des économistes (autour de 0,5%).
L'agence de notation Standard and Poors a confirmé vendredi la note souveraine de l'Italie, qui reste à "BBB", ainsi que sa perspective négative, mais a conditionné son futur maintien à la réussite des réformes promises par M. Renzi. "Il y a au moins une chance sur trois que nous abaissions la note, soit cette année, soit en 2015", a-t-elle averti.