Après avoir brièvement salué l'adoption du plan d'aide pour l'Irlande, les marchés sont repartis lundi dans le rouge, doutant à nouveau de la capacité de la zone euro à résoudre de nouvelles crises qui pourraient toucher d'autres pays fragiles, comme le Portugal ou l'Espagne.
Comme attendu, les membres de l'Union européenne (UE) ont adopté dimanche un plan de sauvetage de 85 milliards d'euros en faveur de l'Irlande auquel s'est joint le Fonds Monétaire International (FMI), comme pour la Grèce au printemps.
Ce plan est notamment destiné à renflouer les banques irlandaises, via 35 milliards d'euros destinés à ce secteur en grande difficulté.
Ces annonces, déjà largement connues, ont été prises en compte par les marchés qui ont ouvert en hausse, avant de se retourner.
A 12H00 (11H00 GMT), la Bourse de Dublin, en forte chute la semaine dernière, grimpait de 0,66% tandis que Francfort cédait 0,76%, Paris 0,89% et Londres 0,41%. La Bourse de Lisbonne reculait de 0,60% et celle de Madrid de 1,41%. La Bourse italienne lâchait 1,32%. De leur côté, les valeurs bancaires reperdaient du terrain, avec un indice sectoriel européen en baisse de 1,37%, après une hausse plus tôt dans la matinée.
Enfin, très chahuté depuis l'annonce du plan pour Dublin, l'euro reculait à la mi-journée à 1,3191 dollar contre 1,3240 dollar vendredi à 22H00 GMT.
Afin de rassurer les marchés, les membres de l'UE se sont également entendus sur les contours d'un futur Fonds de secours de la zone euro, avec pour ambition de freiner la contagion d'une crise qui pourrait menacer le Portugal et l'Espagne.
Les ministres de la zone euro ont accéléré les préparatifs du futur Fonds de soutien permanent aux pays en crise, appelé à voir le jour mi-2013, en remplacement du mécanisme actuel, le Fonds Européen de Stabilité Financière, dont la durée de vie est limitée.
Mais "les investisseurs attendent une réponse de l’Europe concernant la résolution du risque systémique pays", estime Franklin Pichard de Barclays Bourse. "Pour le moment, le manque de précision autour de la mise en place" de ce nouveau fonds "ne permet pas de calmer définitivement les esprits".
Ce nouveau mécanisme sera débloqué au cas par cas, en cas de crise de solvabilité d'un Etat. Le pays concerné négociera alors la restructuration de sa dette avec les créanciers privés.
"Tant que le marché fait du coup par coup" les spéculateurs peuvent aller vers d'autres pays comme l'Espagne", a expliqué un opérateur de marché, estimant que le marché "n'attendra pas 2013" et a besoin de réponses immédiates.
"Les annonces faites témoignent des efforts au sein de la zone euro pour s'attaquer aux répercussions de la crise du crédit", indique-t-on chez Goldman Sachs. Mais "les investisseurs devraient maintenir leur attention sur la péninsule ibérique, avec les déficits portugais et les éventuelles pertes, jusqu'ici non révélées, des caisses d'épargne espagnoles", juge encore la banque d'affaires.
Pour les analystes de la banque, "de la vitesse à laquelle les autorités européennes vont aborder ces problèmes dépend la volatilité du marché.
Sur le marché obligataire où se négocie la dette des Etats, seuls les rendements irlandais et grecs profitaient des annonces de Bruxelles.
Les taux espagnols et italiens souffraient fortement, le taux italien à 10 ans a renoué avec son niveau de juin 2009 et le taux espagnol à 10 ans a atteint un plus haut depuis 2002.