Le groupe internet Google a annoncé mardi qu'il avait finalisé l'acquisition du fabricant de téléphones portables Motorola Mobility, une opération annoncée il y a plus de neuf mois et qui marque l'entrée du géant des logiciels en ligne dans le domaine des matériels.
Pour Google, c'est la plus grosse acquisition jamais réalisée, chiffrée à 12,5 milliards de dollars. Elle lui permet non seulement de contrôler la fabrication d'appareils utilisant son système d'exploitation pour appareils portables Android, mais aussi de mettre la main sur quelque 17.000 brevets.
Pour Motorola, c'est une fin douce amère. Le groupe de la banlieue de Chicago (nord) avait déposé les premiers brevets de la téléphonie mobile dès les années 1970. Il a longtemps été leader sur ce marché, puis, faute d'avoir pris le tournant des "smartphones", il a failli sombrer, jusqu'à tout miser sur Android pour progressivement renaître à partir de 2008.
"Motorola est une formidable entreprise de technologie qui a mené la révolution du portable, avec une histoire de plus de 80 ans d'innovations à son actif", a souligné le PDG et cofondateur de Google, Larry Page, sur le blog de son entreprise.
L'opération avait été annoncée en août, et elle a pris plus de temps que prévu en raison d'un long processus d'approbation de la part des autorités européennes, américaines, puis chinoises.
Motorola (rebaptisé Motorola Mobility l'an dernier) était devenu ces dernières années un partenaire clé pour Android.
Certes, le système Google fait également tourner des appareils Samsung ou HTC, mais Motorola avait souvent la primeur pour les versions les plus récentes du système - en particulier pour sa tablette Xoom qui avait fait sensation lors de sa présentation en janvier 2011 au grand salon de l'électronique grand public à Las Vegas.
M. Page a indiqué qu'il comptait sur cette acquisition pour créer "la prochaine génération d'appareils portables qui amélioreront notre vie durant de longues années".
Pour Greg Sterling, un spécialiste de l'internet mobile sur le site d'information Marketing Land, "Google pourrait via Motorola développer de nouveaux appareils d'accès à internet qui ne soient pas des téléphones, par exemple les lunettes Google".
Google avait mis en ligne en avril sur son site communautaire Google + une vidéo montrant les promesses d'un système de réalité augmentée intégré dans des lunettes connectées à internet, fournissant un système de guidage, des prévisions météo ou permettant d'accéder (relativement) discrètement aux messages postés par des amis sur des réseaux sociaux.
Motorola Mobility, outre des téléphones et tablettes, fabrique également des décodeurs pour la maison et des babyphones.
Pour Google, l'acquisition permet aussi de mettre la main sur plus de 17.000 brevets, dans un contexte où la propriété intellectuelle est devenue un champ de bataille pour les plus grands groupes technologiques du monde, qui s'en servent soit pour entraver l'innovation de leurs concurrents, soit pour en tirer des retombées financières pour leur propre compte.
Or à ce jeu, Google est relativement démuni face à des géants plus anciens comme Microsoft ou Apple, ce qui l'a poussé aussi à acquérir des lots de brevets, chez IBM par exemple.
Le PDG de Motorola Mobility Sanjay Jha, l'un des patrons les mieux payés des Etats-Unis, qui a piloté le redressement de Motorola Mobility puis la fusion avec Google, a déjà démissionné de son poste, mais doit assurer un rôle de transition.
La direction de cette nouvelle filiale est confiée à Dennis Woodside, qui travaille chez Google depuis près de dix ans. "En tant que président de la région Amériques, il a aidé à porter notre chiffre d'affaires aux Etats-Unis de 10,8 à 17,5 milliards de dollars en moins de trois ans", a souligné M. Page.