La fusion entre les Bourses de Londres et Toronto visant à créer un géant boursier mondial a été annulée mercredi, ce qui ouvre la voie à une offre concurrente du consortium Maple pour le contrôle de la première place boursière canadienne, championne du secteur minier.
Le London Stock Exchange (LSE), opérateur des places de Londres et Milan, et le groupe TMX, qui gère les Bourses de Toronto et Montréal, estiment que le seuil des deux tiers des actionnaires de TMX ne sera pas atteint pour bénir leur projet de mariage annoncé en février.
Ces noces annoncées avaient été contestées par un consortium de 13 institutions financières et fonds de pensions canadiens réunis sous la bannière du groupe Maple (érable en anglais).
Le LSE et Maple proposaient chacun environ 3,8 milliards de dollars américains pour TMX, le premier en échange d'actions et dividendes, le second majoritairement en numéraire. Une assemblée des actionnaires de TMX était prévue jeudi, mais une grande partie d'entre eux avaient déjà fait connaître leur préférence.
"Nous sommes profondément déçus que, bien qu'une majorité des actionnaires des deux groupes (...) ait voté en faveur de notre fusion, le seuil des deux tiers des actionnaires de TMX n'ait pas été atteint", a déclaré M. Rolet, cité dans un communiqué publié sur le site du LSE.
"Nous estimons que la fusion aurait représenté une occasion unique pour les actionnaires de TMX Group de devenir des partenaires d'un groupe réellement international, situé à la fois à Toronto et à Londres et focalisé sur la croissance", a-t-il ajouté.
TMX devra verser une pénalité de 10 millions de dollars au LSE, auxquels pourraient s'ajouter 29 millions si la fusion avec le consortium canadien Maple est concrétisée d'ici un an.
Car la direction de TMX, après avoir refusé les avances de son prétendant local, lui a tendu la main sans toutefois céder immédiatement à ses charmes.
"TMX poursuivra ses efforts en vue d'atteindre ses objectifs de croissance, et son conseil d'administration examinera les occasions d'affaires qui se présenteront à la société, dont l'offre de Maple", a indiqué le groupe dans un communiqué.
"Le niveau d'hostilité est réduit actuellement. (...) La probabilité que l'offre soit acceptée est beaucoup plus élevée", a indiqué à l'AFP Louis Gagnon, professeur de finances à l'université Queen's, en Ontario. "Mais il y a toujours les craintes quand au risque d'un monopole".
Maple promet en effet de racheter aussi Alpha Group, société offrant un système de négociation des titres parallèle à celui de Toronto, et la chambre de compensation CDS, pour donner naissance à un champion national contrôlant la quasi-totalité des échanges d'actions au Canada.
Le projet conjoint LSE-TMX était confronté à des "risques réglementaires". Les deux sociétés devaient en effet faire la preuve que leur projet apportait un "avantage" à l'économie du pays, comme le prévoit la loi sur les investissements étrangers, et recevoir le feu vert des autorités des marchés financiers du Québec et de l'Ontario.
Or, de hauts responsables politiques des deux provinces avaient fait part de leur préférence pour l'offre de Maple. Et le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), principale formation d'opposition au Canada, s'est prononcé mercredi contre le rachat de la Bourse de Toronto par celle de Londres.
L'échec de la transaction avec TMX pourrait être perçu comme un camouflet pour le patron de la Bourse de Londres, le français Xavier Rolet, qui en a pris les rênes fin 2009, et s'est immédiatement lancé dans une stratégie d'acquisitions.
Il risque de mettre la Bourse londonienne - qui a repoussé au cours de la dernière décennie plusieurs offres hostiles de Deutsche Börse, Euronext, la banque Macquarie et le Nasdaq - à la merci d'une tentative de rachat.
Après cette annonce, l'action du groupe TMX gagnait près de 2% à la Bourse de Toronto, à 44,35 dollars canadiens (45,69 USD), sur un marché haussier.