Electriques ou hybrides, les véhicules propres et silencieux ont remplacé les bolides assourdissants au salon Tokyo Motor Show, alors que pour le consommateur, la voiture redevient un simple moyen de se déplacer plutôt que d'étaler sa richesse ou sa virilité.
A ce grand rendez-vous de l'automobile au Japon, qui a commencé mercredi, les voitures respectueuses de l'environnement sont reines. Les 4x4 sont relégués dans les coins sombres, et les fabricants européens de voitures de sport tape-à-l'oeil, pour qui le marché nippon faisait jadis figure d'eldorado, ont presque tous déserté le salon.
Cette transformation du Tokyo Motor Show illustre, selon les spécialistes, la révolution en cours sur le marché automobile japonais et mondial.
"Le concept de voiture est en train de changer", explique l'analyste indépendant Tatsuya Mizuno. "Jusqu'à présent, l'auto était un symbole de statut social. Plus vous aviez d'argent, plus votre voiture était grosse. Maintenant, les gens achètent une voiture essentiellement pour se déplacer, et non plus pour le design ou la vitesse".
Une mutation qui s'est accélérée avec la crise économique, et avec l'avènement d'une génération de conducteurs beaucoup plus soucieuse des problèmes d'environnement.
La récession a également poussé les constructeurs à se retirer des sports automobiles, qui étaient un moyen pour eux d'associer la voiture à la vitesse et à la virilité.
Point de vrombissements agressifs d'accélérateur avec les voitures hybrides et électriques, si silencieuses que le gouvernement japonais envisage de leur imposer des générateurs de bruit artificiels pour prévenir les piétons.
S'ils ont tous pris ce virage "vert", les constructeurs nippons sont partagés quant aux moyens de parvenir à leurs fins. Avec deux écoles clairement marquées: celle de la voiture électrique avec Nissan et Mitsubishi Motors, et celle de l'hybride (essence+électricité) incarnée par Toyota et Honda.
"La voiture électrique, c'est le véhicule écologique dans sa perfection", s'enthousiasme le PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko.
Mitsubishi présente plusieurs modèles de sa voiture électrique iMiEV, lancée en juin. "C'est notre véhicule stratégique mondial", explique M. Masuko.
Nissan, qui prédit que les voitures électriques représenteront 10% du marché mondial en 2020, lancera l'an prochain la "Leaf", présentée par le PDG Carlos Ghosn comme "la première voiture abordable à zéro émission polluante du monde".
Nissan compte développer une gamme complète de véhicules électriques. Au Tokyo Motor Show, il expose notamment un concept-car électrique baptisé "Land Glider" ("Planeur terrestre") au design aéronautique, qui peut embarquer un conducteur et un passager assis derrière lui, et qui penche sur les côtés dans les virages comme une moto. Selon le constructeur, le "Land Glider" a de bonnes chances d'être commercialisé un jour ou l'autre.
Toyota, de son côté, mise gros sur les voitures hybrides, dont il fut le pionnier avec la "Prius" lancée il y a douze ans. Il expose un modèle de "Prius" dont la batterie peut se recharger à la maison, sur une simple prise secteur, ainsi qu'une nouvelle voiture de luxe hybride, la "SAI".
Pas question, pour autant, de réduire l'automobile au rang de simple produit électroménager. "J'aimerais que l'auto reste toujours un moyen de transport qui contienne une part de rêve", espère le PDG de Toyota, Akio Toyoda.
Un rêve dont Lexus, la marque de luxe de Toyota, fixe le prix à 375.000 dollars: la somme nécessaire pour s'offrir son nouveau modèle de sport "LFA", dont seuls 500 exemplaires seront produits.